PASCAL, Blaise (1623-1662)
19.11.2025 00:00UTC +00:00
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CHRISTIE'S| Auctioneer | CHRISTIE'S |
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| Veranstaltungsort | Vereinigtes Königreich, London |
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ID 1505127
Los 78 | PASCAL, Blaise (1623-1662)
Schätzwert
200000EUR € 200 000 – 300 000
Pensées de M. Pascal sur la religion et sur quelques autres sujets. Paris : Guillaume Desprez, 1670 [1669].
Au plus près de la pensée de Pascal : le tout premier exemplaire des Pensées.
L'état primitif du texte de l'édition originale, jusqu'alors inconnu, sans aucun des onze cartons présents dans l'exemplaire de la BnF de 1669.
Parmi les passages inédits : la première version imprimée du pari de Pascal, largement remaniée par la suite.
Le tirage de 1669
Outre les exemplaires de l'édition originale de Desprez, qui présentent un titre daté 1670 et un achevé d'imprimer à la date du 2 janvier 1670, on connaissait deux exemplaires antérieurs, avec le titre à la date de 1669 : l'un conservé à la Bibliothèque nationale de France (cote D-21374) et l'autre à la médiathèque de Troyes (cote DG 1874). Cette date sur la page de titre "a fait improprement parler d'une 'édition pré-originale' à propos de ces deux exemplaires" : il s'agit en fait d'une seule édition, réalisée en deux temps. Une première impression en juin ou juillet 1669 fut distribuée "à un petit nombre de personnes, dont on attendait l'avis ou l'approbation avant publication définitive" et les modifications ainsi reccueillies furent introduites à l'ouvrage par l'insertion de cartons (Pascal. Le coeur et la raison). Les exemplaires de la BnF et de Troyes présentent donc un état du texte des Pensées antérieur à celui de l'édition de 1670 (qui comporte trente-deux cartons) mais contiennent eux-mêmes des passages déjà modifiés par cartons (onze cartons dans l'exemplaire de la BnF, douze cartons dans celui de Troyes). L'exemplaire de Léon Parcé présente quant à lui l'état primitif du texte de l'édition originale à sa sortie des presses, exempt de toute insertion de cartons : il s'agit du plus vieil exemplaire imprimé connu des Pensées de Pascal.
Les exemplaires issus du tirage de 1669, précédant l'approbation des évêques, ne comprennent donc ni cahiers d'approbations, ni cahiers finaux de table. L’exemplaire Léon Parcé, qui comprend la préface, comme les exemplaires de la BnF et de Troyes, a donc été complété par l'adjonction de feuillets correspondant à l'édition originale de 1670 : titre, feuillets d'approbations, table des titres, privilège et avertissement, ainsi que la table des matières finale. On remarque d'ailleurs un report d'encre du dernier feuillet de la préface sur la première page du texte des Pensées dans le présent exemplaire, confirmant l'inclusion des cahiers d'approbations à l'époque de la reliure de l'exemplaire, au XIXe siècle.
De nombreux passages inédits...
On découvre la toute première version imprimée des Pensées, avec le texte à sa sortie des presses, tel qu'il avait été établi par les amis et la famille de l'auteur avant distribution des exemplaires pour avis et modifications ; outre les coquilles corrigées, certains passages feront l'objet de suppressions, quand d'autres seront rallongés et de nombreux mots remplacés, résultant en un texte plus consensuel que celui du présent exemplaire.
Les différences avec l'exemplaire de la BnF concernent les pages ci-dessous, dévoilant le texte antérieur à l'insertion des onze cartons :
- 21-22, on lit : "l'homme est la plus excellente créature" (ex. Parcé), qui deviendra "l'homme est la plus excellente créature, et en même temps la plus misérable" (ex. BnF) ; "cheutte" (Parcé) corrigé en "chute" (BnF)
- 27-28 (Chapitre II, Marques de la véritable religion) : première formulation du passage sur la manifestation de Dieu aux hommes
- 53-54 : première formulation du début du "pari de Pascal" et de l'avis au lecteur ouvrant le chapitre
- 55-56 : "La raison n'y peut rien déterminer" (Parcé) ponctué comme suit : "La raison, dites-vous, n'y peut rien déterminer" (BnF) ; "Ne blasmez donc pas de fausseté ceux qui ont fait un choix, car vous n'en savez rien" (Parcé) remplacé par "car vous ne savez pas s'ils ont tort, ou s'ils ont mal choisi" (BnF)
- 87-88 : "ridicule" (Parcé) devient "toute défigurée" (BnF)
- 109-110 : suppression d'un "de"
- 117-118 : première formulation du passage sur les païens, "Depuis deux mille ans, aucun Payen n'avait adoré le Dieu des Juifs" (Parcé) devient "Depuis deux mille ans le Dieu des Juifs estait demeuré inconnu parmi l'infinie multitude des nations payennes" (BnF)
- 213-214 : "et encore moins de son amour" (Parcé) devient "et encore plus de son amour" (BnF)
- 235-236 : première formulation du passage "du pain et du vin", "Les chrétiens hérétiques l'ont connu à travers son humanité, et adorent Jésus-Christ Dieu et homme. Mais de le reconnaître sous les espèces du pain et du vin ; c'est le propre des seuls Catholiques. Il n'y a que nous que Dieu éclaire jusques là." (Parcé) ; ajout d'une coquille, "une autre nature" (Parcé) devient "un autre nature" (BnF)
- 239-240 : un retour à la ligne de l'exemplaire Parcé est supprimé dans l'exemplaire BnF ; exemple des "Arriens" (Parcé) supprimé et remplacé par l'exemple des "Nestoriens" et des "Eutychiens" (BnF)
- 247-248 : "Or il n'est point parfaitement clair que l'âme soit matérielle" (Parcé) qui deviendra "Or il faudrait avoir perdu le sens pour dire qu'il est parfaitement clair que l'âme est mortelle" (BnF)
... dont le premier pari de Pascal
Dans le chapitre VII, intitulé "Qu'il est plus avantageux de croire que de ne pas croire ce qu'enseigne la religion chrétienne", on découvre le texte primitif du pari, radicalement différent des versions suivantes et beaucoup plus proche du fragment autographe de Pascal dans les liasses (en italique, les passages spécifiques à l'exemplaire Parcé) :
"Ainsi on peut bien connaître qu'il y a un Dieu sans savoir ce qu'il est. Nous connaissons donc l'existence et la nature du fini ; parce que nous sommes finis et étendus comme lui. Nous connaissons l'existence de l'infini & ignorons sa nature, parce qu'il a étendu comme nous, mais non pas des bornes comme nous. Mais nous ne connaissons ni l'existence ni la nature de Dieu ; parce qu'il n'a ni étendue ni bornes. Mais par la foy nous connaissons son existence, par la gloire nous connaîtrons sa nature.
Parlons maintenant selon les lumières naturelles. S'il y a un Dieu il est infiniment incompréhensible, puisque n'ayant ni parties ni bornes il n'a nul rapport à nous. Nous sommes donc incapables de connaître ni ce qu'il est, ni s'il est. Cela étant, qui osera entreprendre de résoudre cette question ? Ce n'est pas nous qui n'avons aucun rapport à lui. Cependant il est certain que Dieu est, ou qu'il n'est pas : il n'y a pas de mi-lieu.
[...] Oui, mais il faut parier ; cela n'est pas volontaire, vous êtes embarqué ; & ne parier point que Dieu est, c'est parier qu'il n'est pas. Lequel prendez-vous donc ?"
Dès l'exemplaire cartonné de la BnF, et dans les versions ultérieures, l'argument sera présenté très différemment – suppression de la question réthorique, introduction de l'usage du pronom "je", et interpellation du lecteur athée en usant du pronom "vous" : "vous ne devez pas conclure qu'il n'y a point de Dieu..." "Je ne me servirai pas, pour vous convaincre de son existence..." "Je ne veux agir avec vous que par vos principes mesmes ; et je prétends vous faire voir..."
Ci-après le passage du "pari" complètement remanié dans l'exemplaire BnF, inchangé dans l'édition originale de 1670 :
"Ainsi on peut bien connaître qu'il y a un Dieu sans savoir ce qu'il est : & vous ne devez pas conclure qu'il n'y a point de Dieu de ce que nous ne connaissons pas parfaitement sa nature.
Je ne me servirai pas, pour vous convaincre de son existence, de la foy par laquelle nous la conaissons certainement, ny de toutes les autres preuves que nous en avons, puisque vous ne voulez pas les recevoir. Je ne veux agir avec vous que par vos principes mesmes ; et je prétends vous faire voir par la manière dont vous raisonnez tous les jours sur les choses de la moindre conséquence, de quelle sorte vous devez raisonner en celle-cy, & quel parti vous devez prendre dans la décision de cette importante question de l'existence de Dieu. Vous dites donc que nous sommes incapabes de connaître un Dieu. Cependant il est certain que Dieu est, ou qu'il n'est pas : il n'y a pas de mi-lieu."
Une prouesse bibliophilique
Cet exemplaire présente toutes les caractéristiques apparentes de l'édition originale de 1670 (titre avec le chiffre de Desprez et daté 1670, texte en 365 pages, achevé d'imprimer daté du 2 janvier 1670, frontispice de la Sorbonne...) : tout bibliophile averti aurait pensé qu'il s'agissait d'un exemplaire de l'édition originale. Seule une étude approfondie du corps de texte, rendue possible par une connaissance parfaite des écrits de Pascal, et la comparaison avec le texte des deux exemplaires datés 1669, pouvaient permettre d'identifier le présent exemplaire comme l'unique survivant de l'état primitif du texte des Pensées. Léon Parcé fut le premier à établir cette découverte, comme l'indique une note autographe à l'encre encartée en début d'ouvrage : "Exemplaire de la plus grande rareté. C'est l'édition pré-originale de 1669 [date soulignée deux fois] dont on ne connaît que 2 exemplaires, avec la page de titre et les approbations de l'édition originale de 1670."
La concrétisation matérielle d'un immense défi éditorial
Si l'édition originale donnée par Desprez présente un achevé d'imprimer à la date de janvier 1670, l'aventure éditoriale des Pensées commence bien des années plus tôt, au lendemain de la mort de l'auteur : Florin Périer évoque dès 1663 la découverte dans les papiers de Pascal d'un "amas de pensées détachées pour un grand ouvrage qu'il méditait" (préface au Traité de l'équilibre des liqueurs, voir lot précédent). Il fut directement établi une copie en l'état des papiers, laissés par Pascal "en diverses liasses, mais sans aucun ordre et sans aucune suite", comme le rapporte Etienne Périer dans la préface à l'édition de 1670 : "La première chose que l'on fit fut de les faire copier tel qu'ils étaient, et dans la même confusion qu'on les avait trouvés." Outre cette copie primitive, une "première copie" et une "deuxième copie" manuscrites furent réalisées dans la foulée, aujourd'hui conservées à la Bibliothèque Nationale (fonds français, n° 9203 et n° 12449). On sait que Pascal avait pour projet d'établir une apologie de la religion chrétienne ; cependant il ne donne, avant de mourir, aucune instruction quant à la façon d'organiser l'immense quantité de notes amassées depuis la guérison miraculeuse de sa nièce, Marguerite Périer. Après sa mort, il s'agit de savoir comment publier ces papiers : quels fragments inclure, et dans quel ordre ? Selon Jean-Marc Chatelain, "c'est en ce sens que les Pensées ne sont pas seulement l'oeuvre d'un auteur, mais aussi le fruit d'une histoire éditoriale, faite de multiples hésitations et de négociations difficiles." (Pascal. Le Coeur et la raison). Un conflit éditorial oppose alors le duc de Roannez et Gilberte Périer : les deux sont d'accord pour écarter les fragments manifestement inachevés ou confus, mais l'ami veut compléter et modifier certains fragments, tandis que la soeur entend rester scrupuleusement fidèle aux écrits de son frère. Les éditions de 1670 et 1678, dites "de Port-Royal", présentent effectivement des différences avec le manuscrit des papiers originaux. Les fragments y sont ordonnés selon un plan thématique et non selon celui évoqué par Pascal lors de la conférence qu'il avait donnée à Port-Royal en 1658. Le présent exemplaire témoigne du premier passage des Pensées du manuscrit à sa forme imprimée : une source providentielle pour étudier l'évolution du texte.
J.-M. Chatelain, "L'introuvable livre des Pensées. Du manuscrit autographe aux éditions de Port-Royal", in Pascal. Le Coeur et la raison, pp. 142 et suiv. ; Tchemerzine, V, p. 70 (pour les exemplaires de la BnF et de Troyes) ; Blaise Pascal, exposition à la Bibliothèque nationale de France en 1962, pp. 119 à 133 et n° 529 pour l'exemplaire de la BnF ; L. Lafuma, Histoire des Pensées de Pascal (1656-1952) ; Oeuvres complètes, II, notice de M. Le Guern, pp. 1304 et suiv. ; P. Fauguère, Pensées, fragments et lettres de Blaise Pascal : publiés pour la première fois conformément aux manuscrits originaux..., .pp. 161-165 (pour la transcription du fragment du pari dans les liasses) ; En français dans le texte, n° 96 ("Les Pensées occuprent une place unique parmi les ouvrages d'apologétique à cause de leur profondeur philosophique et religieuse et la puissance de leur style. Leur intérêt tient aussi à la forme exceptionnelle sous laquelle elles nous sont parvenues.") ; PMM, n° 152 ("Revelation v. Rationalism. (...) What then are the Pensées ? (...) if they attack rationalism as seen in the work of Descartes or scepticism as typified by Montaigne, it is with the methods of reasoning developed by Descartes and in a style which acknowledges its debt to Montaigne. To the rational sceptic, Pascal proposes a deeper scepticism (...) Pascal's work has, in fact, the marks of genius, exploring and stating all that can be said on both sides of the question it investigates.")
In-12 (144 x 79 mm). Texte des Pensées en 365 pp. Avec le frontispice de la Sorbonne. Achevé d'imprimer à la date du 2 janvier 1670. Avec la page de titre et les feuillets d'approbations, de table, privilège et avertissement de l'édition originale de 1670 (la première page du texte des Pensées porte la marque de l'encre du dernier feuillet de la préface, indiquant un rajout postérieur des cahiers d'approbations), ainsi que les feuillets finaux de table des matières issus de l'édition originale de 1670 (avec le mot "désespoir" à la table des matières) : tous ces feuillets ont été ajoutés aux cahiers de préface et de texte au moment de la reliure. Encartée en début d'ouvrage : une note autographe de Léon Parcé établissant que l'exemplaire est de 1669. Reliure signée Hardy : maroquin rouge, dos à nerfs lettré or, dentelle intérieure dorée, tranches dorées, double filet sur les coupes.
Collation : ã12 ẽ12 ĩ8 õ8 ũ1 A-P12 Q4 R8 S1
As close as possible to Pascal’s thought: the first copy of Pascal's Pensées. It is the earliest known state of the first edition, unknown until today and predating the copy, dated 1669, held by the Bibliothèque nationale de France. Among many unpublished passages, it features the very first printed version of “Pascal’s wager”, very different from the one printed after, less consensual and much closer to Pascal's autograph papers. Although the copy bears the apparent characteristics of a regular copy from the 1670 first edition (title page, number of pages...), Léon Parcé had a fine enough knowledge of Pascal's writings to identify the differences in the body of the text: he was the first one to identify that this copy was the sole surviving copy of the primitive text of the Pensées, printed in 1669, without any cancels.
| Künstler: | Blaise Pascal (1623-1662) |
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| Kategorie des Auktionshauses: | Bücher, Bücher und Handschriften |
| Künstler: | Blaise Pascal (1623-1662) |
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