Yves Tanguy (1900-1955)

Lot 334
20.10.2023 17:00UTC +01:00
Classic
Sold
€ 315 000
AuctioneerCHRISTIE'S
Event locationFrance, Paris
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ID 1053092
Lot 334 | Yves Tanguy (1900-1955)
Estimate value
€ 400 000 – 600 000
Yves Tanguy (1900-1955)

Le Testament de Jacques Prévert (La Rue de Château)

huile, graphite et grattage sur panneau monté sur panneau parqueté

41.7 x 48.4 cm.

Peint à Paris en 1925



oil, pencil and grattage on panel mounted on cradled panel

16 3⁄8 x 19 in.

Painted in Paris in 1925





Provenance

Georges Sadoul, Paris (en mars 1928 et jusqu'à au moins janvier 1957).

Pierre Matisse, New York (avant 1982).

Puis par descendance au propriétaire actuel.



Exhibited

Paris, Centre Georges Pompidou; Baden-Baden, Staatliche Kunsthalle et New York, The Solomon R. Guggenheim Museum, Yves Tanguy, Rétrospective, 1925-1955, juin 1982-février 1983, p. 64, no. 2 (illustré en couleurs, p. 65; titré 'Sans titre').

Stuttgart, Staatsgalerie et Houston, The Menil Collection, Yves Tanguy and Surrealism, décembre 2000-septembre 2001, p. 231, no. 3 (illustré en couleurs, p. 19).



Further details

Comme son nom l'indique Le Testament de Jacques Prévert (La Rue du Château) évoque le souvenir d'un lieu, d'une amitié, de toute une époque, mais surtout l'expérience partagée d'un groupe d'artistes, de poètes et d'intellectuels : à savoir, le cercle surréaliste, auquel ont appartenu le peintre de cette œuvre, Yves Tanguy, et son premier propriétaire, Georges Sadoul (1904-1967). Membre du surréalisme durant les années 1920 (ainsi que du Parti communiste qu'il rejoint en 1927), l'influent critique Georges Sadoul est également reconnu pour sa carrière d'historien du septième art, et en particulier pour son Histoire générale du cinéma, dont le premier des six volumes paraît en 1946. Il écrira de sa plume ce mot laissé au dos de l'œuvre de Tanguy :
« Ce tableau a été peint par Yves Tanguy en 1925, alors qu’il s’installait avec ses amis Jacques Prévert et Marcel Duhamel, 54, rue du Château. Tanguy fit de ses mains la plus grande partie du mobilier, et fut le décorateur de cette petite maison, alliant le style Caligari et le style Pierre Charreau. Il peignit ce panneau directement sur la porte de Jacques Prévert face à son lit. Tanguy n’avait pas encore rencontré les surréalistes mais il était déjà peintre, et exposait au "Salon de l’Araignée" fondé par Gus Bofa, et qui était une concurrence d’avant-garde au Salon des Humoristes. En mars 1928, Marcel Duhamel, propriétaire de la rue du Château, m’en céda le bail, et les trois amis déménagèrent. Tanguy avait alors un tout autre style de peinture, et avant de quitter la maison gratta sa signature qui figurait en rouge sur le dos du personnage à droite. Il voulut aussi gratter tout le tableau, dont le coin gauche en bas fut en partie effacé. La femme nue qu’il gratta avait un peu le visage de sa première femme, Jeannette Tanguy. La rue du Château a été démolie en 1936, pour l’agrandissement des voies du chemin de fer allant à Paris-Montparnasse. Dans mon déménagement j’ai emporté ce panneau ornant une chambre qui avait été longtemps la mienne. Paris, le 15 janvier 1957. Georges Sadoul. »
Ce compte-rendu détaillé de l'histoire du panneau souligne l'importance du lieu précis qui l'a vu naître : le 54 rue du Château, au cœur de Montparnasse, où Tanguy décida un jour de peindre sur la porte d'une chambre. S'étant rencontrés durant leur service militaire au début des années 1920, Tanguy, Prévert et Duhamel avaient emménagé à cette adresse en 1924, après avoir passé, notamment, des vacances ensemble en Bretagne, à Locronan, où Tanguy séjournait régulièrement depuis que sa mère y avait acheté une maison en 1912. Le 54 rue du Château devint, à terme, l'un des lieux de rencontre privilégiés des surréalistes, où défilèrent Robert Desnos, Louis Aragon, Raymond Queneau, Benjamin Péret, Antonin Artaud, Michel Leiris et, bien entendu, André Breton.
En 1924, Tanguy commence tout juste à se faire la main avec ses aquarelles. Ce n'est qu'à partir de 1925 qu'il s'initie à la peinture à l'huile : Le Testament de Jacques Prévert serait donc l'une des toutes premières huiles de l'artiste, encore très apparentée à certaines de ses aquarelles de 1924. Difficile, cependant, de situer précisément cette œuvre dans son évolution précoce, Tanguy ayant brouillé les pistes en détruisant de nombreuses toiles de jeunesse vers 1926-1927. Rue de la Santé (aujourd'hui conservée au Museum of Modern Art de New York), l'une des rares autres œuvres de 1925 à avoir été épargnées, présente par exemple une composition beaucoup plus sobre et géométrique.
Très ambitieux et d'une grande complexité, l'essaim de figures caricaturales de Testament de Jacques Prévert témoigne, déjà, de la virtuosité de l'artiste. On y retrouve ce savant mélange d'imagination débordante et de poésie très personnelle qui fait tout le génie de Tanguy. Dans cette nuée de couleurs, d'objets et de personnages – borgnes, pour certains – se découpent des figures féminines dont l'attitude renvoie aux célèbres affiches de Mistinguett, illustrées par Gesmar en 1922-23. Si la composition fragmentée de Tanguy semble s'inspirer du cubisme tardif, elle s'abreuve sans doute aussi de dadaïsme et de cinéma. L'artiste y glisse en outre avec humour quelques références littéraires : comme cette inscription, « De Profondis », sur ce qui ressemble à une invitation aux funérailles de ce « oisif » de Jacques Prévert (rendez-vous « le 5 décembre 1925 »). « De Profundis » (ou « Depuis les profondeurs », publié en 1905) est le titre d'une lettre qu'Oscar Wilde adressa en 1897 à son jeune amant, Lord Alfred Douglas, durant son incarcération à Reading. Autrement dit, Tanguy s'amuse ici de ses amis, avec ses amis, en jonglant allègrement avec les images qui peuplent alors leur monde parisien : un univers fait de musique, de danseuses, de filles de joie, de poésie, de tabac, de jeux, que l'artiste condense dans une composition pleine de vie. Le Testament de Jacques Prévert offre en ce sens une immersion rare dans la vie intime et les débuts artistiques d'Yves Tanguy ; à la veille d'un changement radical de style qui le propulse, dès 1926, au cœur de ses emblématiques paysages surréalistes.

As indicated in its title, Le Testament de Jacques Prévert (La Rue du Château), is not only a testament to an era, to a place, to friendship, but moreover to a group of intellectuals, artists and poets – the Surrealists – of which its author, Yves Tanguy, and its first owner, Georges Sadoul, were key figures. Georges Sadoul (1904-1967) was a member of the Surrealists in the 1920s, and he joined the Communist Party in 1927. He was a renowned art critic and most importantly, a famous cinema historian, best known for his six volume Histoire générale du cinéma, published from 1946 onwards. At the back of Tanguy’s painting, Georges Sadoul left a label on which he inscribed the following: ‘This panel was painted by Yves Tanguy in 1925 when he was settling in with his friends Jacques Prévert and Marcel Duhamel, 54 rue du Château. Tanguy made most of the furniture with his own hands, and was the interior decorator of this small house, combining a Caligari style with Pierre Charreau’s style. He painted this work directly on Jacques Prévert’s door which was facing his bed. Tanguy had not yet encountered the Surrealists by then but he was already a painter and exhibited at the Salon de l’Araignée founded by Gus Bofa, which was in direct competition in terms of avant-gardism with the Salon des Humoristes.
In March 1928, the owner Marcel Duhamel of the Rue du Château rented this flat to me and the three friends moved out. At that time, Tanguy had a completely different way of painting, and before leaving the house he scratched out his signature executed in red on the back of the figure on the right. He also wanted to scratch all the painting, hence the lower left quadrant has been partly erased. The naked woman he scratched out had similar facial features as his first wife, Jeannette Tanguy. The Rue du Château was demolished in 1936, in order to widen the train tracks going to Paris Montparnasse station. When I moved out I took this panel with me, that had decorated a room which had long been mine. Paris, 15 January 1957, Georges Sadoul’.
This very accurate and detailed report on the painting’s history underlines the importance of the place where it was conceived by Tanguy, as Le Testament de Jacques Prévert is, in effect, a ‘piece’ of a door extracted from the legendary address, 54 rue du Château, located in the heart of Montparnasse, Paris. Tanguy, Prévert and Duhamel had moved in there together in 1924, having all met during their military service in the early 1920s, and spending holidays together in Locranan (Brittany) in 1923, where Tanguy regularly went since 1912 when his mother had purchased a house there. Eventually, 54, rue du Château, would become one of the meeting places for the Surrealists, such as Robert Desnos, Louis Aragon, Raymond Queneau, Benjamin Péret, Antonin Artaud, Michel Leiris, and of course André Breton.
In 1924, Tanguy was only just starting to experiment with watercolours and only made his first attempts with oil paints in 1925, therefore suggesting that Le Testament de Jacques Prévert is one of Tanguy’s very first paintings. In addition, Tanguy destroyed many of his early canvases around 1926-27, making it challenging to place this work within his artistic beginnings yet there are resemblances with several watercolours of 1924. One of the other rare surviving 1925 paintings by Tanguy is Rue de la Santé at the Museum of Modern Art in New York, much simpler and geometric in terms of composition. The extraordinary complexity and ambitious depiction of so many caricatural figures in Le Testament de Jacques Prévert, already reveal Tanguy’s artistic genius, defined by an unparalleled imagination combined with an undeniably intimate poetry. Some of the men depicted are one-eyed, whilst the female figures resonate the style used for a famous and very popular poster of Mistinguette designed by Gesmar in 1922-23. Tanguy’s fragmented composition was most likely inspired by late Cubism, but also by Dada posters and cinema. At the same time, Tanguy included literary references with a humoristic touch, inscribing for example, ‘De Profundis’, on what appears to be an invitation to the fictive funeral of Jacques Prévert, described as an ‘idler’, scheduled on 5th December 1925. De Profundis (‘From The Depths’) is a letter written by Oscar Wilde to his young lover Lord Alfred Douglas during his imprisonment in Reading in 1897, which was published in 1905. In other words, Tanguy plays with his friends in this painting, condensing images from their world – music, dancers, prostitutes, poetry, smoking, games – all into one painting vibrating with life. Le Testament de Jacques Prévert offers a rare and personal insight into Tanguy’s early beginnings as an artist, as he quickly shifted styles as early as 1926, venturing towards his signature Surrealist landscapes.



Sale room notice

Veuillez noter que la technique de la présente œuvre est "huile, graphite et grattage sur panneau monté sur panneau parqueté".

Please note that the technique of this work is 'oil, graphite and scratch on panel mounted on parquet board'.
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9 Avenue Matignon
75008 Paris
France
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