FLAUBERT, Gustave (1821-1880)

Lot 63
22.05.2025 00:00UTC +01:00
Classic
AuctioneerCHRISTIE'S
Event locationUnited Kingdom, London
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ID 1421792
Lot 63 | FLAUBERT, Gustave (1821-1880)
Estimate value
€ 40 000 – 50 000
FLAUBERT, Gustave (1821-1880)
La Tentation de Saint-Antoine. Paris : Charpentier et Cie, 1874.

Exceptionnel exemplaire offert à Guy de Maupassant avec, au faux-titre, un envoi autographe signé, affectueux témoignage d'amitié de la figure tutélaire au jeune disciple :

"à Guy de Maupassant, que j'aime comme un fils"

Le texte est dédié à Alfred Lepoitevin, ami de jeunesse de l'auteur et oncle de Maupassant. Flaubert était également lié à sa soeur Laure Lepoitevin, qui sera la mère de Maupassant. C'est elle qui lui parle d'abord de l'admiration que lui porte son fils, alors âgé de douze ans : "Mon fils Guy n'est pas le moins attentif ; tes descriptions, si gracieuses souvent, si teribles parfois, tirent des éclairs de ses yeux noirs." (lettre du 6 décembre 1862) Si l'intérêt de Flaubert pour le neveu d'Alfred est d'abord éveillé par le souvenir ému de son ami d'enfance le plus intime, il remarque peu à peu l'esprit vif du jeune employé du ministère de la Marine souhaitant devenir écrivain. Flaubert se reconnaît dans l'homme de vingt-neuf ans son cadet, qu'il voit bientôt comme un ami et un disciple, et dont les visites constitueront une grande consolation des dernières années de sa vie. En retour, Maupassant l'admire, l'écoute, et lui sera toujours reconnaissant de l'avoir soutenu dans ses années préparatoires.

Flaubert l'abreuve de conseils et le pousse à écrire, réprimandant parfois Maupassant pour sa paresse : "Il faut, entendez-vous, jeune homme, il faut travailler plus que ça. J’arrive à vous soupçonner d’être légèrement caleux – trop de putains ! trop de canotage ! trop d’exercice ! Oui monsieur ! Le civilisé n’a pas tant besoin de locomotion que prétendent messieurs les médecins. Vous êtes né pour faire des vers. Faites-en ! tout le reste est vain. [...] Ce qui vous manque, ce sont « les Principes ». [...] Pour un artiste, il n’y [en] a qu’un : tout sacrifier à l’Art." (lettre du 6 août 1878) Autre signe d'affection paternelle, il signe sa missive "Votre vieux".

Puisque le jeune auteur manque de temps pour s'adonner pleinement à l'écriture, Flaubert intervient auprès du ministre Bardoux pour que Maupassant soit nommé dans un autre Ministère, celui de l'Instruction publique – cette manoeuvre permet à Guy d'écrire Boule de suif, qui fera le bonheur de son aîné : "le conte de mon disciple, dont j’ai lu ce matin les épreuves est un chef-d’œuvre. Je maintiens le mot. Un chef-d’œuvre de composition, & de comique, & d’observation" écrit Flaubert à sa nièce Caroline en février 1880. Il confie son bonheur à Maupassant, dans une lettre empreinte d'une fierté quasi-paternelle : "il me tarde de vous dire que je considère Boule de Suif comme un chef-d’œuvre. Oui ! jeune homme ! Ni plus ni moins, cela est d’un maître. C’est bien original de conception, entièrement bien compris et d’un excellent style. Le paysage et les personnages se voient et la psychologie est forte… [...] Ce petit conte « restera », soyez-en sûr !" (1er février 1880) Au cours de la lettre, il passe du vouvoiement au tutoiement, actant le passage de Maupassant au statut de maître. Flaubert s'éteindra trois semaines après la publication du conte dans Les Soirées de Médan, laissant à peine le temps à Maupassant de lui dédier son premier recueil Des vers : "À Gustave Flaubert, À l’illustre et paternel ami que j’aime de toute ma tendresse, à l’irréprochable maître que j’admire avant tous".

"Ledit Maupassant a beaucoup, mais beaucoup de talent ! C'est moi qui vous l'affirme et je crois m'y connaître. [...] Bref, c'est mon disciple. – Et je l'aime comme un fils." (lettre à Marguerite Charpentier, 13 janvier 1880)

Correspondance, IV et V ; L. Forestier, "«Bref, c'est mon disciple», le cas Flaubert-Maupassant", in Romantisme, n°122, pp. 93-105 ("On ne voit guère, en littérature, de relation de maître à disciple aussi évidente, aussi proche, aussi étroitement consentie de part et d'autre que celle qui unit Flaubert et Maupassant.")

In-8 (226 x 150 mm). Édition originale. Exemplaire du tirage courant. Broché, sous emboîtage (piqûres et rousseurs éparses, couverture brunie, dos usé, quelques restaurations au dos et à la couverture).

Provenance : Pierre Bergé (ex-libris ; sa vente, I, 11 décembre 2015, lot n° 95).

First edition – exceptional copy inscribed by Flaubert to Maupassant, telling him that he loves him "like a son".
Address of auction CHRISTIE'S
8 King Street, St. James's
SW1Y 6QT London
United Kingdom
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22.05.2025 – 22.05.2025
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