DIDEROT, Denis (1713-1784), Jean le Rond D'ALEMBERT (1717-1783) et d'autres

Los 13
05.07.2023 13:00UTC +01:00
Classic
Verkauft
€ 4 410
AuctioneerCHRISTIE'S
VeranstaltungsortFrankreich, Paris
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ID 990997
Los 13 | DIDEROT, Denis (1713-1784), Jean le Rond D'ALEMBERT (1717-1783) et d'autres
Schätzwert
€ 30 000 – 50 000
DIDEROT, Denis (1713-1784), Jean le Rond D'ALEMBERT (1717-1783) et d'autres
Encyclopédie, ou Dictionnaire des sciences, des arts et des métiers par une société de gens de lettres. Mis en ordre et publié par M. Diderot… quant à la partie mathématique, par M. d’Alembert… Paris : Briasson, David et Le Breton - Neufchâtel : Faulche - Amsterdam : Rey - 1751-1780.
Édition originale.

Exemplaire complet, en reliure de l'époque, aux armes de l'impératrice Maria Feodorovna.
Épopée éditoriale et intellectuelle devenue symbole de la France des Lumières, le projet de l'Encyclopédie débute comme une traduction de la Cyclopedia, or an Universal Dictionary of Arts and Sciences d’Ephraim Chambers (1680-1740), qui est à l’époque un énorme succès d’édition, réédité quatre fois depuis sa première parution en 1728.
Le travail commence autour de 1745. Les traducteurs et collaborateurs, parmi lesquels on lit déjà les noms de Diderot et d’Alembert, sont payés à la colonne. Mais de fil en aiguille, l’ouvrage prend une tout autre ampleur. On annonce 10 volumes, dont 2 de planches. Les souscripteurs affluent et le tirage est exponentiel, au rythme de la parution des volumes. En parallèle, le nombre de collaborateurs à l’entreprise augmente lui aussi, réunissant jusqu’à près de 200 personnes !
L’Encyclopédie va en définitive bien au-delà de son modèle initial, et se révèle, par nombre d’aspects, d’une remarquable modernité intellectuelle.
Dans son "discours préliminaire", d’Alembert explique la philosophie qui anime l’organisation de l’ouvrage et la manière dont les articles sont structurés. Le travail mis en œuvre « a deux objets : comme Encyclopédie, il doit exposer autant qu’il est possible, l’ordre et l’enchainement des connaissances humaines ; comme Dictionnaire raisonné des Sciences, des Arts et des Métiers, il doit contenir sur chaque Science et sur chaque Art, soit libéral, soit mécanique, les principes généraux qui en sont la base, et les détails les plus essentiels, qui en font le corps et la substance ».

Ainsi, et pour la première fois dans une publication de cette ampleur, le préjugé séculaire de la supériorité des arts libéraux sur les arts dits mécaniques est battu en brèche. Plusieurs collaborateurs de l’Encyclopédie se rendent dans les ateliers pour interroger les ouvriers, les observer, pour rendre compte de leurs méthodes et de leur savoir-faire. Dans son "discours préliminaire" toujours, D’Alembert remarque ainsi avec justesse : “le mépris qu’on a pour les Arts mécaniques semble avoir influé jusqu’à un certain point sur leurs inventeurs mêmes... Cependant, c’est peut-être chez les Artisans qu’il faut aller chercher les preuves les plus admirables de la sagacité de l’esprit, de sa patience et de ses ressources”. Le prospectus inclut aussi cette remarque : “on s’est donné la peine d’aller dans leurs ateliers, de les interroger, décrire sous leur dictée, de développer leurs pensées, d’en tirer les termes propres à leurs professions... et (précaution presque indispensable) de rectifier dans de longs et fréquents entretiens avec les uns ce que d’autres avaient imparfaitement, obscurément, et quelquefois infidèlement expliqué”.
Outre cette collecte d’informations de première main et la rédaction d’articles par des spécialistes, il faut reconnaître que l’Encyclopédie est aussi tributaire de sources anciennes, et reste également un travail de synthèse. Cela n’empêche pas les rédacteurs, loin d’être de serviles compilateurs, de porter un regard amusé et dubitatif sur certaines sources. Ainsi, dans l’article que Diderot consacre à l’Aguapa, on lit : “arbre qui croît aux Indes occidentales, dont on dit que l’ombre fait mourir ceux qui s’y endorment nus, et qu’elle fait enfler les autres d’une manière prodigieuse. Si les habitants du pays ne le connaissent pas mieux qu’il ne nous est désigné par cette description, ils sont en grand danger”.
A la fin de la décennie 1750, plusieurs épisodes attisent les feux déjà rougeoyants d’une presse hostile, et des censeurs. Ce mouvement atteint son acmé en janvier 1759, lorsque le procureur du Parlement de Paris prononce un réquisitoire contre les écrits licencieux, conduisant à l’interdiction pure et simple de l’Encyclopédie, après que les volumes ont été symboliquement lacérés et brûlés. Cette mise hors-la-loi est suivie de la menace d’excommunication pour ses lecteurs, brandie par le pape dans une lettre du 3 septembre.
Grâce à Malesherbes, les notes manuscrites sont soustraites à la saisie et la publication des dix derniers volumes de texte se poursuit dans la clandestinité, sous une adresse prête-nom. Ils sont publiés tous ensemble, en 1765. L’interdiction ne concerne pas les volumes de planches, sur lesquels les libraires misent beaucoup. Un total de 2579 planches, réunies en 11 volumes, paraissent entre 1762 et 1772, sous la direction de Diderot. Comme pour les volumes de texte, leurs sources sont multiples – cohabitent ainsi des représentations des connaissances les plus à jour au moment de la réalisation de la gravure et de son texte descriptif, et des synthèses de sources iconographiques ou textuelles plus anciennes, et ainsi, logiquement, parfois dépassées.

Un exemplaire complet de l'Encyclopédie, comme ici, doit compter dix-sept volumes de texte (1751-1765), onze volumes de planches (1762-1772) dessinées par Louis-Jacques Goussier et pas moins de 71818 articles. À cette publication étalée sur vingt-et-un ans s’ajoute un Supplément composé de quatre volumes d’articles et un volume de planches (1776-1777), ainsi que deux volumes de Tables analytiques (1780) produits par Pierre Mouchon.

En outre, cet exemplaire est particulièrement remarquable puisque les volumes sont frappés des armes de Maria Feodorovna (1759-1828, née Sophie Dorothea de Württemberg), impératrice consort de Russie. En 1776, elle épouse le Tsarévitch Paul Petrovitch, futur Paul Ier, fils de la grande Catherine II. Cette dernière avait entretenu une correspondance nourrie avec nombre d'intellectuels et d'hommes de lettres de son époque, parmi lesquels bien entendu Voltaire, Diderot, et d'Alembert. En 1782, alors qu'il parcourt l'Europe, Paul fait étape à Paris où il rencontre d'Alembert. Il lui aurait alors confié : « Je regretterai toujours, Monsieur, que mon éducation n’ait pas été remise en vos mains » (Almanach littéraire ou étrennes d'Apollon, Paris : Veuve Duchesne, 1792, p; 82).

Adams, Bibliographie des œuvres de Denis Diderot, I, G1, pp. 280-305 ; Norman 637 ; PMM 200 ; En français dans le texte, BN, 1990, n° 156 ; Darnton, L’Aventure de l’Encyclopédie, 1982 ; Oser l’Encyclopédie. Un combat des Lumières, 2017.

35 volumes in-folio (394 x 251 mm). Au total 3129 planches et un frontispice de Cochin symbolisant la Vérité gravé par Prévost. Reliure de l’époque : veau marbré, armes dorées au centre des plats, fleurons d’angles dorés, dos à nerfs, caissons ornés, pièces de tomaison en maroquin rouge, tranches rouges. Les volumes de suppléments et de tables présentent une reliure légèrement différente, sans les armes.
Provenance : Impératrice Maria Feodorovna (reliure aux armes).

Complete copy of the first edition of this landmark work, in contemporary binding, most of the volumes with the gilt arms of the Empress of Russia Maria Feodorovna.
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75008 Paris
Frankreich
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05.07.2023
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