LARMESSIN, Nicolas Ier de (1632-1694), et d'autres

Lot 22
29.10.2024 14:00UTC +00:00
Classic
Vendu
€ 23 940
AuctioneerCHRISTIE'S
Lieu de l'événementRoyaume-Uni, London
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ID 1317615
Lot 22 | LARMESSIN, Nicolas Ier de (1632-1694), et d'autres
Valeur estimée
€ 20 000 – 30 000
LARMESSIN, Nicolas Ier de (1632-1694), et d'autres
Costumes grotesques et métiers. Paris, vers 1690.

Précieux recueil de gravures de mode et de métiers, vraisembablement le plus complet passé sur le marché pour la célèbre série des "costumes grotesques et métiers" des Larmessin.

L’oeil moderne fera évidemment le rapprochement avec les oeuvres d’Arcimboldo qui relèvent, dans les grandes lignes, du même principe : visages et corps composites, faits d’amalgames d'instruments, d’objets emblématiques ou évocateurs d’un métier ou d'un statut.
L'astrologue est comme drapé dans une voûte céleste peuplée des signes du zodiaque, le médecin, véritable homme livre dont le corps est une bibliothèque et des volumes, les vertèbres, semble cracher des remèdes comme autant d'éclairs qui tombent sur le malade (Saignées ! Ventouzes! Purgations !), la tête du vigneron émerge d'une cuve de bois et est nimbée de pampres aux grappes juteuses.
Mais plus encore qu’Arcimboldo, les gravures s’inscrivent dans une tradition qui remonte au XVIe siècle, celle des mascarades. Bals de la cour plus libres et moins soumis à l’étiquette que les autres, et où les costumes était “plutôt faits pour prendre et donner du divertissement, que pour affecter de paraître magnifique” (Mercure galant, mars 1683, p.325).
Michel de Pure donne, en 1668, cette définition de la mascarade : “c’est un genre de Spectacle, qui ne consiste qu’en une seule & simple representation. Il n’est pas question de mouvement, comme au Balet, de dexterité comme au Bal, ny de Jeu comme au Carosel. Il ne s’agit que de bien exprimer ce que ce que l’on represente, d’estre vestu & masqué si juste, qu’au premier aspect on reconnoisse ce que vous voulez representer” (Idée des spectacles anciens et nouveaux, chapitre VIII ).
Certaines planches de costumes de ballet, gravées par Lepautre d’après des dessins de Berain ou Gissey, ont d’ailleurs certainement aussi inspiré les graveurs à l’origine de la série des Costumes grotesques.

La dynastie des Larmessin. La publication des planches en séries successives, sans numérotation, l’absence de dates et l’important nombre de retirages, copies et gravures inspirées de ces compositions, n’ont pas facilité la tâche des bibliographes et spécialistes de l’estampe, pour en établir la liste exhaustive, ainsi que pour préciser la chronologie de leur parution.
Colas parle, avec réserve, de 97 planches. Weigert (IFF, XVIIe) liste lui cent planches exactement, et c’est le total qui est généralement admis par la recherche. Maxime Préaud (Images du Grand Siècle, cat. 86) précise les différentes étapes de publication. Le premier épisode, le plus important, comprend 62 planches : il est à l’initiative de Nicolas Ier de Larmessin (1632-1694). 14 planches sont ensuites publiées par sa veuve, “entre le 23 mai 1694 et le 20 mai 1701, peut-être gravées d’après des dessins de son défunt mari...Quant à Nicolas II [1645-1725, frère cadet de Nicolas Ier mais qui n’en est pas l’héritier], il en publie 22, qu’il dessine et grave lui-même, à l’adresse de la Coupe d’or, à partir de 1695” (op. cit.).
Si la série complète comprend cent planches, les exemplaires complets de ces planches semblent d’une extraordinaire rareté, si tant est qu’ils existent.
Si l'on en croit les diverses bases accessibles en ligne, le présent exemplaire semble le plus exhaustif, en ce qui concerne les grotesques des Larmessins, passé sur le marché : les exemplaires les plus importants que nous retrouvons comportaient entre 38 et 65 planches de la série, et certains étaient composés de retirages postérieurs. C'était le cas pour l'exemplaire Yemeniz, fort de 41 planches.
Les planches du présent exemplaire sont bien issues du tout premier tirage. Les tirages postérieurs sont, tout à tour inversés, sans arrière-plans et parfois à d'autres adresses ou sans privilèges.
Outre ces réimpressions, retirages, dérivés plus ou moins fidèles, l’influence des gravures des Larmessin résonne à travers les siècles. Une quinzaine d’entre elles sont même exposées eu MoMA en 1936, lors de la rétrospective “Fantastic Art, Dada, Surrealism” (cat. 62-75). Notons d’ailleurs que même le MoMA n’avait alors pu se procurer des planches de l’édition originale, et fit figurer dans l’exposition les retirages de Valck, et les épreuves plus tardives sans les arrière-plans ! L’exposition mettait en évidence une inspiration, si ce n’est une filiation, entre cette esthétique fantastique et “arcimboldesque”, et Dürer, Bosch, mais aussi les collages de Max Ernst, par exemple, ou les expériences de Dali pour “animer l’inanimé”.
Le présent exemplaire porte l'ex-libris de Gilles Auguste Petit, modiste et chapelier parisien, que l'on se plaît à imaginer feuilletant le volume pour puiser de l'inspiration pour ses créations.

Colas, I, n°1779 ; Von Lipperheide, 1971 ; IFF, XVIIe, n°12-109 ; Jeux de princes, jeux de vilains. Catalogue d’exposition, Paris, BnF, 2009, pp. 56-57, cat. 35 ; Fantastic art, dada, surrealism. Catalogue d’exposition, New York, MoMA, 1936, cat. 62-75 ; Images du Grand Siècle. L’estampe française au temps de Louis XIV (1660-1715), Catalogue d'exposition, BNF – Getty Research Institute, 2015, cat. 86 ; Roger-Armand Weigert, "Sur les Larmessin et les Costumes Grotesques", in Nouvelles de l’estampe, 2, 1969, pp. 67-75 ; Pascale Cugy, “L’homme-livre et le médecin”, in Nouvelles de l’estampe, 244, 2013, pp. 4-18 ; Pascale Cugy, “Un nouveau chaînon dans la genèse des Costumes grotesques de la famille Larmessin”, Nouvelles de l’estampe [En ligne], 263, 2020.

In-4 (322 x 227 mm) de 149 gravures, réparties comme suit :
- 82 gravures issues de la série des Costumes grotesques et métiers, donnée par Nicolas Ier de Larmessin et ses successeurs.
- 10 gravures issues de cette même série, en épreuves coloriées. Il s'agit d'une seconde épreuve de planches déjà présentes dans l'ensemble précédent.
- 8 gravures de métiers, à l'adresse la Veuve le Camu.
- 37 planches, la plupart signées et à l'adresse d'Arnoult, réprésentant divers gens de qualités et aristocrates.
- 11 planches, à l'adresse de Valleran ou de Deshayes.
- 1 planche, à l'adresse de Jollain l'aîné, représentant une "noble dame de Honduras".
Réparations au verso d'une demi-douzaine de planches ; mouillures ou rousseurs à une vingtaine d'entre elles, surtout celles gravées par Arnoult. Une planche contrecollée (épreuve coloriée de l'Habit de Ceinturier).
Reliure de la fin du XIXe siècle : demi-maroquin bleu nuit, dos à nerfs, lettre dorée (coins accidentés). Provenance : ex-libris de Gilles Auguste Petit, modiste et chapelier au 7 rue de la Paix, à Paris. Le musée Galliera conserve une de ses créations (numéro d'inventaire 1964.20.42) --ex-libris Louis Becker (absent du catalogue de la vente de sa bibliothèque, Genève, Rauch, 30 novembre 1954).

An extremely attractive set of late 17th century etchings, most of them from the 'Costumes grotesques et métiers' series, by the Larmessin family. With 82 plates from this series, in first issue, this copy seems to be the most complete we can find. They are bound here with other plates depicting aristocrats, costumes and other things, making up 149 etchings in total.


Adresse de l'enchère CHRISTIE'S
8 King Street, St. James's
SW1Y 6QT London
Royaume-Uni
Aperçu
16.10.2024 – 29.10.2024
Téléphone +44 (0)20 7839 9060
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