ID 921740
Lot 36 | [BOURBON, Louis-Auguste de, prince de Dombes (1700-1755)].
Valeur estimée
€ 3 000 – 4 000
Le Cuisinier gascon. Amsterdam [Paris] : 1740.
Unique exemplaire connu de la deuxième édition, augmentée de la Lettre d'un patissier anglois.
Édition non répertoriée dans les bibliographies ; elle manque à la BnF. Elle marque l'apparition de la Lettre d'un patissier anglois, dont la présence n'était enregistrée qu'à partir de l'édition de 1747, dite “deuxième édition”. D'où la nouvelle séquence pour cet ouvrage important :
- 1740. Édition originale : (4) ff., 208 pp.
- 1740. Deuxième édition : (4) ff., 244 pp., augmentée de la Lettre.
- 1741. Troisième édition : 149, 11 pp. - Pas à la BnF. L'exemplaire Philippe Messager (cat. 2002, n° 31) et celui de la Lilly Library (Une affaire de goût, n° 88) sont les seuls cités.
- 1747. Quatrième édition : (4) ff., 244 pp. augmentée de la Lettre.
- 1767. Édition inexistante signalée par Vicaire. Erreur portée au cat. Benzon (cat. 1875, n° 94). Il s'agit d'une coquille typographique (1767 pour 1747).
L'intérêt primordial de la deuxième édition est de renfermer le brûlot anonyme de l'abbé Desfontaines qui défraya la chronique du temps. On en dénombre six éditions séparées, publiées en quelques mois (1739-1740). Chacune des éditions de la chétive brochure ne subsiste qu'à la BnF, dont la bibliothèque de l'Arsenal (Livres en bouche, n° 200) – et dans quatre bibliothèques publiques en France.
Lettre d'un patissier anglois au Nouveau cuisinier françois. L'auteur en est l'abbé Desfontaines (1685-1745). Ancien jésuite, il dirigea le Journal des savants. Fort répandu dans les salons et cercles littéraires, il vivait de sa plume volontiers polémique. Il fut l'auteur de libelles diffamatoires contre Voltaire qui lui avait pourtant sauvé la mise en obtenant sa liberté alors qu'il était enfermé à Bicêtre (Sgard, Dictionnaire des journalistes 1600-1789 I, n° 383 : classé sous Guyot Desfontaines).
Premier manifeste de la gastronomie, au prisme de la “querelle des Bouffeurs”, la Lettre instaure un discours pionnier consacrant la cuisine au rang d'un art à part entière. L'abbé Desfontaines interroge la “nouvelle cuisine”, l'alimentation, les saveurs, la diététique et prône le retour à la simplicité. Le “Nouveau cuisinier françois” qui avait mis le feu aux poudres en préface des Dons de Comus (1739) est brocardé pour ses prétentions scientifiques, et l'abbé de conclure : “Le grand art de la nouvelle cuisine, c'est de donner au poisson le goût de la viande, & à la viande le goût du poisson, & de ne laisser aux légumes absolument aucun goût.” Au-delà de la querelle des anciens et des modernes, ce legs des Lumières anticipe et éclaire de façon piquante les débats du XXe siècle autour de la Nouvelle cuisine. Livres en bouche, n° 200 : pour l'identification de l'auteur présumé ; Vicaire, 518 ; Mennelle, Lettre d'un pâtissier anglois et autres contributions à une polémique gastronomique, University of Exeter, 1981 ; Quérard, Dictionnaire des ouvrages anonymes II, 1160 (attribution erronée à Des Alleurs) ; Wheaton, L'Office de la bouche, pp. 244-247.
In-12 (152 x 87 mm). (Rares rousseurs éparses, très légères mouillures en fin d'ouvrage.) Reliure de l'époque : veau moucheté, dos lisse orné, pièce de titre rouge, filet doré sur les coupes, tranches rouges (reliure restaurée).
Provenance : Louis Pierre Saunier, maître des Requêtes (ex-libris armorié et gravé du XVIIIe siècle).
Unique known copy of the actual second edition of this book, which is not mentioned in the documentation. The present copy is therefore the only remaining example of an intermediate state, between the first edition and the one issued in 1747, which until now was believed to be the second edition, but is, in fact, the third.
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