ID 921718
Lot 9 | [L'ART DE BIEN TRAITER].
Valeur estimée
€ 6 000 – 8 000
L'Art de bien traiter. Divisé en trois parties. Ouvrage nouveau, curieux, et fort galant, utile a toutes personnes, et conditions. Exactement recherché, & mis en lumiere, Par L.S.R. Paris : Chez Frédéric Léonard, Imprimeur du Roy, rue S. Jacques, à l'Escu de Venise, 1674.
Édition originale partagée entre deux libraires parisiens : Jean Du Puys et Frédéric Léonard. Au titre, les initiales L.S.R. désigneraient le sieur Robert (d'après Barbier) ou bien, selon une note portée dans le second exemplaire Pichon, le sieur Rolland, officier de bouche de la princesse de Carignan.
Manifeste de la cuisine au Grand Siècle et “traité de gastronomie” avant l'heure. L'Art de bien traiter rend compte d'un renouvellement du discours traditionnel de la culture culinaire française, voire occidentale. Malgré une carrière éditoriale discrète (deux éditions seulement), il s'imposa au XVIIe siècle en prônant des recettes fondées sur une esthétique du naturel : respecter le goust véritable des choses. Bien plus, l'auteur inaugure un débat de fond sur ce qu'il nomme “le bon goust” qu'il entend régenter, non sans polémique.
Avec Bonnefons, La Varenne et Massialot, ce qu'on appellera bientôt la cuisine française ne désigne pas autre chose que “la civilisation du goût” selon l'expression de Jean-Marc Chatelain. L'auteur “bouleverse moins les innovations de La Varenne qu'il ne les radicalise et les systématise : essor décisif de la cuisine au beurre […] rejet des saveurs trop épicées, séparation nette du salé et du sucré, recours aux cuissons courtes” (Livres en bouche, p. 141). Par exemple, il recommande l'huile de Nice et les vinaigres d'estragon ou de framboise. Une place signalée revient à l'art de servir, au décorum de la table, et aux repas de fête que sont les collations, soupers et ambigus. Au total, 250 recettes. On trouve reliée à la fin, une table manuscrite "de toute sorte de mets": 4 pages sur 3 feuillets.
Remarquable exemplaire en maroquin signé de Georges Trautz. Une des perles de la collection gastronomique du baron Pichon : seul exemplaire cité par Brunet et Vicaire. Brunet Supplément I, 69 ; Livres en bouche, 115 ; Vicaire, 43 et 891 ; Notaker, 628 : trois exemplaires en France ; Cagle, 407-408 : quatre exemplaires aux États-Unis ; Arnt/Horn, 186 : classé sous Robert.
In-12 (159 x 89 mm). (Les feuillets B5-B8 proviennent d'un autre exemplaire.) Reliure signée de Trautz-Bauzonnet : maroquin rouge, triple filet doré encadrant les plats, dos à nerfs orné de petits fers, coupes filetées, dentelle intérieure, tranches dorées sur marbrures. Sont reliés in fine, trois feuillets manuscrits constituant un index.
Provenance : Baron Pichon (cat. 1869, n° 277 : “Bel exemplaire d'un livre rare et curieux.”) ; Édouard Moura (ex-libris ; cat. 1923, n° 149).
A very attractive copy, one of the major books from the library of the Baron Pichon. This copy is the only one from this edition mentioned by Brunet and Vicaire.
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