MASSENET, Jules (1842-1912)

Lot 74
29.10.2024 14:00UTC +00:00
Classic
Prix de départ
€ 2 000
AuctioneerCHRISTIE'S
Lieu de l'événementRoyaume-Uni, London
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ID 1317670
Lot 74 | MASSENET, Jules (1842-1912)
Valeur estimée
€ 4 000 – 6 000
MASSENET, Jules (1842-1912)
Collection d’environ 146 lettres et cartes autographes signées, v. 1864-1910. 54 lettres à Emma Borch (née Hennequin) et à des membres de sa famille, 77 à la soprano Camille Borello, comtesse d'Artaux, et à son père, 10 à Campbell Clarke, et 5 à d’autres correspondants.

“La composition est un tyran” : l’existence tonitruante d’un compositeur d’opéra.

Les premières lettres de Massenet à la pianiste et soprano Emma Borch, et à sa famille, datent de la jeunesse du compositeur. La première est écrite à Rome en novembre 1864, alors que Massenet est pensionnaire de l’Académie de France, après avoir été lauréat du Prix de Rome l’année précédente. Il évoque son travail sur un requiem, ainsi qu’une inspirante visite : “Liszt était hier chez moi et me disait “que le musicien pouvait dans ses mélodies intimes, traduire jusqu’aux sentiments les plus cachés de son Coeur”. Une partie des lettres de 1874 évoquent les études du frère d’Emma, Alfred, au Conservatoire de Paris. Massenet refuse gracieusement de l'accueillir en ces circonstances : “Je ne puis entendre de musique et j'ai dû fuir bien des pianos !! La composition est un tyran”. Une génération plus tard, les lettres transmettent les encouragements de Massenet au fils d'Emma, Gaston, violoncelliste et futur compositeur.

Toujours affectueuses, les lettres laissent transparaître le tourbillon quotidien dans lequel est emporté Massenet, entre les répétitions, les premières et les tournées qui le tenaient en mouvement perpétuel : “Mon opéra "Le Cid" se termine et doit être représenté dans le courant de la saison prochaine à l’opéra, à Paris cette fois ! [...] Voilà bientôt 3 ans que je suis attelé à cette besogne & "Manon" a été un repos au milieu de cette longue occupation” (5 juin 1885) ; '‘Je saurai dans quelques mois l’avenir certain du Cid qui, cependant, s’annonce comme un très gros succès, malgré la fureur et les malédictions des Wagnériens !” ; “vous savez que je m’occupe d’un "Werther" et que ce travail me tient beaucoup – quel sera le résultat de tant d’heures de fièvre ?” ; “je suis tellement pris par les répétitions de Werther ...” (13 novembre 1892).

L’humeur de Massenet oscille entre tension, euphorie, et, dans une lettre importante du 15 mai 1887, profond désespoir : “Je suis sans cesse triste, découragé, … au point d’en finir avec cette existence de luttes ! [...] Si je n’avais ma fille et ma femme je ne résisterais pas …”. Le 27 septembre 1893, il évoque avec une semblable lassitude l’opéra sur lequel il travaille alors, Thaïs : “J'ai fait ce que j'ai pu et le résultat m'importe peu”. Dans la dernière lettre de cet échange, adressée au frère d’Emma après la mort de cette dernière, il la décrit comme un “unique modèle de courage & de vertu”.

Les lettres à la soprano Camille Borello donnent à lire les efforts considérables fournis par Massenet pour lancer la jeune carrière de la cantatrice durant les années 1898-1901. L’une des premières, datée du 24 septembre 1898, l’encourage à travailler les rôles de Manon, Mignon et Sophia, personnages de l’opéra Werther. Plus tard, Massenet la soutient à de nombreuses reprises par des lettres de recommandation, des présentations, organise des rencontres, lui fournit des billets pour des représentations. Il partage sa peine lorsque ses projets échouent (“Ah, le théâtre !”), et la félicite lorsque le succès point enfin.

Les lettres au journaliste britannique Campbell Clarke témoignent de l’entregent de Massenet, qui le présente à la soprano française Anna Soubre en mai 1884, puis à la soprano américaine Sybil Anderson en janvier 1888. Cette dernière est alors l’objet de toute l’admiration du compositeur. Une lettre du 25 janvier 1887 exprime son profond regret de ne pouvoir rencontrer le célèbre violoniste hongrois et proche de Brahms Joseph Joachim, “un grand artiste ! Et un vrai musicien”, en raison de la première de son opéra Biblis.

L’amitié de Massenet avec la famille Hennequin remonte à 1859, lorsqu’âgé de 17 ans, il séjournait dans leur pension de famille à Guînes (Pas de Calais). Son amitié avec Emma était manifestement de nature romantique au départ, et il la désigne dans une lettre de 1864 à sa mère comme "ma fiancée". Les lettres ultérieures, après leurs mariages respectifs, demeurent très affectueuses, de même que celles adressées à sa mère. La famille Hennequin-Borch était très portée sur la musique : Emma était soprano, son frère a étudié la musique et son fils, Gaston Borch (1871-1926), s'est fait connaître comme compositeur et chef d'orchestre, notamment aux États-Unis.

Environ 146 lettres et cartes. Formats variés. Certaines lettres sous enveloppe, transcrites ou traduites en tapuscrits.
Provenance : Mr F.G. Borch ; vente Sotheby's, 15 mai 1996, lot n°408.

"Composition is a tyrant": the thundering existence of an opera composer. A collection of 146 letters from Jules Massenet, key French composer of the late nineteenth and early twentieth centuries.
Adresse de l'enchère CHRISTIE'S
8 King Street, St. James's
SW1Y 6QT London
Royaume-Uni
Aperçu
16.10.2024 – 29.10.2024
Téléphone +44 (0)20 7839 9060
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