Un monde enchevêtré Willi Geiger
Le peintre et graphiste Willi Geiger marque de manière décisive la scène artistique de son époque. Parmi les expressionnistes allemands, il se distingue par son acuité psychologique et politico-satirique. En tant que peintre, Willi Geiger met les couleurs et les formes au service de sa philosophie de vie. En utilisant une symbolique qui lui est propre, il dépeint un monde tragiquement enchevêtré, dans lequel le désespoir et le courage croyant maintiennent un équilibre fragile.
Willi Geiger acquiert une notoriété particulière grâce à ses travaux graphiques et d'illustration au mode d'expression tout à fait original. Cette œuvre comprend entre autres des portfolios consacrés aux toréadors espagnols ainsi que des illustrations d'œuvres d'écrivains tels que Dostoïevski, Tolstoï et Balzac. En reconnaissance de son travail graphique, Geiger reçoit dès 1910 le prestigieux prix Villa Romana.
Le fils d'un instituteur passe d'abord par différentes étapes de formation artistique. Il apprend d'abord à Munich à l'école des arts et métiers, puis obtient son diplôme d'État de professeur de dessin à l'école technique supérieure. De 1903 à 1905, Geiger étudie à l'Académie de Munich avec Peter Halm et Franz von Stuck. Durant cette période, il se lie d'amitié avec des artistes tels que Hans Purrmann et Albert Weisgerber, qui réalise également le portrait de Geiger. Il expose régulièrement et devient professeur à l'école d'arts appliqués de Munich. Geiger s'intéresse également de près à l'art espagnol. Il copie ainsi des tableaux de Goya, Velasquez et El Greco et s'inspire lui-même des Espagnols dans ses œuvres, comme en témoigne par exemple l'œuvre « Saint Sébastien » de la collection Faußner.
Pendant la période nazie, Willi Geiger est renvoyé de la fonction publique et ses œuvres, calomniées comme « dégénérées », disparaissent des musées. Le lieu de retraite de Geiger jusqu'à la fin de la guerre devient une ferme que l'artiste acquiert en 1932 à Feldwies, au bord du lac Chiemsee. Il s'y consacre davantage à la peinture. Dans ses tableaux, Geiger transforme les couleurs flamboyantes des histoires apocalyptiques en motifs floraux et en natures mortes, imprégnés de tons clairs et transparents.
Après la guerre, Willi Geiger enseigne à l'École supérieure des beaux-arts de Munich et reçoit de nombreuses distinctions, dont la Croix fédérale du mérite de première classe en 1958.
Willi Geiger décède en 1971 à Munich. Il laisse derrière lui un héritage artistique qui fait le lien entre la tradition et l'expressionnisme. Un autre chapitre de l'histoire de l'art sera écrit après lui par son unique enfant : Rupprecht Geiger.