ALAIN-FOURNIER, Henri-Alban Fournier, dit (1886-1914)

Лот 195
21.03.2024 13:00UTC +01:00
Classic
Продан
€ 5 040
AuctioneerCHRISTIE'S
Место проведенияФранция, Paris
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ID 1173240
Лот 195 | ALAIN-FOURNIER, Henri-Alban Fournier, dit (1886-1914)
Оценочная стоимость
€ 2 500 – 3 500
ALAIN-FOURNIER, Henri-Alban Fournier, dit (1886-1914)
Lettre autographe signée « Henri » à « Yvonne », « Mardi matin. 11 heures ½ », [Cachets postaux indiquant Bourg-la-Reine, 11 avril 1905 et Paris, rue Danton, 12 avril 1905]
10 pp. in-12 (148 x 113 mm). 2 bifeuillets et un feuillet simple. Enveloppe adressée à « Y.H. 13 / Bureau N°25 / Boulevard Saint-Germain / Paris » (Papier uniformément bruni, légers dommages marginaux, quelques déchirures au niveau d'anciennes pliures, déchirure restaurée au dernier feuillet. Enveloppe brunie, timbre ôté).
Provenance : Sotheby's, Paris, 2 décembre 1994, not n°566.

Longue lettre mélancolique à son premier amour : vraisemblablement la seule lettre survivante à “la première Yvonne”, qui inspira l’héroïne du même nom dans Le Grand Meaulnes. Bien qu'Alain-Fournier soit âgé de 18 ans et encore élève au lycée Lakanal lors de l'écriture de cette lettre, ses mots sont déjà empreints d'une grande nostalgie, que l'on retrouvera dans son roman. Outre de nombreuses déclarations d'amour, il évoque ses doutes, relate quelques épisodes de sa vie de lycéen comme un discours prononcé devant 60 camarades, commente des parties de football et de rugby, et se souvient de dimanches matins sur le chemin de l'église avec sa mère lorsqu'il était enfant. Un témoignage unique, révélant les sentiments adolescents et le caractère torturé du jeune auteur.

"Ma chérie, une fois, une seule fois, je voudrais te dire de me croire, de croire ce que je te dirai de croire – mes pas, ma pensée, ma douleur ont passé partout où l'on peut passer – crois moi sans y passer toi aussi. Je souffre de penser que tu dois resuivre toute cette évolution de la pensée que j'ai suvie, que je vois suivre tout autour de moi par des amis [...] Crois-moi : il n'y a que nous, que notre amour. [...] Et voilà pourquoi je t'écris longuement, en cherchant comment dire... comment te faire sentir. – Un crève-coeur, aussi, c'est quand, après m'être souvenu de passés très doux, après avoir pensé longtemps des pensées très tristes, j'essaie dans la rue de te les dire. Tout s'en va, tout s' "abime" dans un sourire, un mot trop rapide, une phrase à tout le monde. [...] Pardonne-moi, j'étais très las – J'aurais voulu te parler de vers de moi pour ne plus les "abîmer" dans la rue, j'aurai voulu t'en citer d'étranges qui sont divins et que tu aurais appris, je suis sûr – Tout cela sera pour quand nous serons seuls, moi à tes pieds, dans une chambre petite, lointaine, silencieuse."

Durant sa jeunesse, l’écrivain fit la rencontre de deux jeunes femmes, toutes deux prénommées Yvonne. Elles allaient l’une et l’autre inspirer le personnage d'Yvonne de Galais, être insaisissable, tant convoité du Grand Meaulnes. La destinataire de la présente lettre est connue sous le surnom de “première Yvonne”, et son identité demeure mystérieuse. Alain-Fournier l'aurait rencontrée pour la première fois lors d'un voyage en train, en 1903, de Bourg-la-Reine au Lycée Lakanal. Contre l'avis de sa mère de sa mère, Alain-Fournier entama avec elle une correspondance clandestine, dont cette lettre semble être le seul témoignage survivant. La relation aurait pris fin peu de temps après cette lettre. Le 1er juin 1905, il faisait la rencontre de "la seconde Yvonne”, Yvonne de Quiévrecourt, sur les marches du Grand Palais, qui devint pour lui un véritable objet d'infatuation.

"Mon Yvonne,
J'attendais presque qq. chose hier soir. – On dirait que tu avais deviné que ce soir là j'avais besoin de t'apercevoir, loin, heureuse et jolie, tard, dans ta chambre, au milieu des mousselines et des robes blanches – et m'écrivant, toute parfumée et lasse d'avoir dansé, que c'est moi que tu aimes, que c'est avec moi que tu as tourné tout le soir et que tu as gardé tous les parfums de tes cheveux, toute la gaieté de ton cœur pour me l'envoyer ce soir – Merci, ma chérie."


A long letter to his first love, filled with melancholy: probably the only surviving letter to "the first Yvonne", who inspired the heroine of the same name in Le Grand Meaulnes. A unique testimony, revealing the adolescent feelings and tortured character of the young author.
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