WILDE, Oscar (1854-1900)
05.11.2025 00:00UTC +00:00
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CHRISTIE'S| Auctioneer | CHRISTIE'S |
|---|---|
| Место проведения | Великобритания, London |
| Комиссия | see on Website% |
ID 1487688
Лот 62 | WILDE, Oscar (1854-1900)
Оценочная стоимость
100000EUR € 100 000 – 150 000
Salomé. Paris : Librairie de l'Art indépendant - Londres : Elkin Mathews et John Lane, 1893.
L'exemplaire le plus désirable et le plus pertinent qui soit : celui d’Oscar Wilde, enluminé pour lui de dessins originaux à l'encre par ses amis Max Beerbohm et Charles Ricketts, puis donné par Wilde à son premier amant, Robert Ross, avec un envoi autographe signé.
Avec 9 pages de dessins orignaux à l’encre de Max Beerbohm, dans son style parodique caractéristique, dont 5 dessins représentant Oscar Wilde : Wilde jouant de la harpe tout en fumant, Wilde tenant un phylactère entourant la dédicace du texte à Pierre Louÿs, affublé d’une plume géante dont coulent des gouttes d’encre, Wilde masqué volant dans un ciel étoilé avec cette même plume et des baluchons portant des noms d’écrivains qu'il a lus (Maeterlink, Gautier, Ollendorf, St Luke), Wilde virevoltant autour du mot « Fin », et Wilde écrivant en peignoir entouré de personnages malveillants dans le dessin final « L’artiste chez soi », en regard de la page représentant « l’Académie Française avec les étrangers » .
Parmi les autres dessins, l’un fait référence à l’accueil critique et à la censure de la pièce de théâtre en Angleterre : intitulé « Réception de la princesse Salomé », il représente un critique littéraire, les autorités et le public, chaque personnage perché sur un monticule et manifestant leur désapprobation pour la pièce. Le dessin ornant le faux-titre est quant à lui légendé « Voici les arts qui cherchent d’amour (sic) et enfin le trouvent » – bel envoi déguisé par dessin interposé, pour un exemplaire que l’on offre à son amant.
Le dessin final, daté 1906 et réalisé par Charles Ricketts, est une mise en abyme représentant Beerbohm griffonnant à de multiples reprises son prénom sur la base d’une immense statue d’un Wilde à la mine dépitée, dans le goût antique. Titré "Love among the ruins", le dessin est ironiquement signé “C.R. member of the society for the protection of Ancient monuments”. Artiste, imprimeur et créateur de cosutmes et décors pour le théâtre, Charles Ricketts (1866-1931) travailla notamment à la production de Salomé dans le théâtre privé King’s Hall à Covent Garden en 1906, la pièce ayant été interdite de représentation dans les théâtres publics. Wilde ne verra jamais sa pièce jouée : il est en prison lors de la première qui a lieu à Paris à la Comédie Parisienne, le 11 février 1896. Ricketts illustra également deux livres de Wilde : A House of Pomegranates et The Sphinx.
Wilde donne ensuite son exemplaire à Robert Ross, son premier amant, comme l’explique l’envoi autographe signé en regard du titre :
"This book – this wonderful book – was decorated for me by Max Beerbohm: and by me given to Robert Ross. Oscar Wilde. Paris."
Figure majeure de la scène littéraire londonienne de l’époque, Robert « Robbie » Ross (1869-1918) fut le premier amant masculin de Wilde, dès 1886, et un ami tout au long de sa vie, jusqu’à être son exécuteur testamentaire pour ses œuvres littéraires – ses cendres reposent aujourd’hui dans la tombe de Wilde, comme il l’avait souhaité. Si les circonstances de leur rencontre sont floues, on sait qu'ils cotoyaient les mêmes cercles, et que le jeune Ross, âgé de seize ans, fut logé chez les Wilde à Londres pendant ses études ; Oscar avait alors trente-deux ans.
Journaliste, écrivain, critique et marchand d’art, Ross est ouvertement homosexuel dans une période où cela est passible de prison – Wilde lui-même en fera les frais, écopant le 25 mai 1895 de deux ans de travaux forcés pour « outrage aux mœurs » ('gross indecency', qui n'était un crime en Angleterre que depuis 1885), soit la peine la plus lourde pour ce chef d'accusation. Lors de la condamnation de Wilde, Ross, craignant pour sa propre réputation, s’exile un temps à l’étranger, puis revient soutenir son ami. Malgré quelques scandales liés à sa vie intime, Ross parvient pourtant à se ménager une place de choix dans la vie mondaine, étudiant à Cambridge et allant jusqu’à être reçu à Downing Street.
"Robbie's relationship with Oscar Wilde, in all the many transformations to come, was to be the most significant of his life, leading literaly to the grave." (Fryer)
L’ouvrage inclut également un sonnet autographe original de Pierre Louÿs, dédicataire de l'ouvrage, intitulé "Salomé" et avec envoi autographe à Oscar Wilde :
« A travers le brouillard lumineux des sept voiles
La courbe de son corps se cambre vers la lune
Elle se touche avec sa chevelure brune
Et ses doigts caressants ou luisent des Etoiles.
Le rêve d'être un paon qui déploierait sa queue
La fait sourire sous son Eventail de plumes
Elle danse au milieu d'un tourbillon d'Ecumes
Où flotte I'arc léger de son Echarpe bleue.
Presque nue, avec son dernier voile, flot jaune,
Elle fuit, revient, tourne, et passe. Aubord du thrône
Le tétraque tremblant la supplie et I'appelle,
Fugitive, qui danse avec des roses soires
Et traine dans le sang avec ses pieds barbares
L'ombre terrible de la lune derriere elle. »
La nuit et les étoiles sont omniprésentes dans les dessins de Beerbohm dans le présent exemplaire.
Wilde et Louÿs s'étaient rencontrés via l'intermédiaire d'André Gide, puis largement cotoyés à Paris en 1891, où Wilde séjournait pendant l'écriture de la pièce.
Avec une lettre autographe de l'éditeur relative à la publication du livre : « Monsieur, J'ai remis à M. Marcel Schwob, qui vous les fera parvenir après corrections de sa main, les épreuves nouvelles de Salomé. » Bailly, directeur de la Librairie de l’Art indépendant, détaille le processus des dernières corrections et aborde le sujet du prix de l’ouvrage : « Le prix de 400 francs que je vous ai fait, lors de votre passage à Paris, se référait à un tirage à 500 exemplaires ordinaires plus 50 exemplaires sur Hollande : pour le 100 en sus que vous demandez, il faut compter sur une augmentation de 50 francs, soit 450 au total, non compris Ie montant des corrections d'auteur que je connaitrai qu'avec votre bon-à-tirer. » Le tirage se fera finalement à 600 exemplaires, dont 50 sur Hollande. Mason, n° 348 et pp. 374-375 pour la lettre de l'éditeur et le sonnet de Louÿs.
La galaxie Wilde à l'époque de Salomé
L’exemplaire réunit, via les dessins et l’envoi, qui tous se répondent, nombre de figures majeures dans l’entourage de l’auteur alors qu’il publie Salomé : Ross, Beerbohm et Ricketts sont tous amis et travailleront ensemble sur divers projets tout au long de leur vie.
Max Beerbohm (1872-1956) étudie encore à Oxford lorsqu’il y rencontre Wilde, écrivain déjà bien établi, et fait également la connaissance d’Aubrey Beardsley - ce dernier illustrera la traduction anglaise de Salomé (voir lot n° 39). Max commence à être connu pour son allure de dandy et ses talents d’humoriste, publiant quelques articles et caricatures dans des journaux londoniens, dont The Strand. Il quitte Oxford en 1894, avant d’être diplômé, et dira : “I was a modest, good-humoured boy. It is Oxford that has made me insufferable.” En 1898, Beerbohm succède à George Bernard Shaw en tant que critique de théâtre pour le Saturday Review – son illustre précécesseur l’appelle « the imcomparable Max ». Beerbohm surnomme quant à lui Wilde "The Divinity", ce qui ne l'empêche pas de le répresenter de façon assez caricaturale, "avec ce mélange d’admiration et de moquerie affectueuse qui caractérise tant de ses dessins. Bien qu’ils aient apprécié l’intelligence de l’un et de l’autre, tous deux pouvaient se montrer assez mordants l’un envers l’autre" (Fryer, p. 77).
Le dessin de Ricketts, qui côtoie Wilde depuis beaucoup plus longtemps que Beerbohm, rend compte de cette rivalité amicale et répond avec ironie aux "enluminures" de Max, en représentant ce dernier apposant frénétiquement son prénom sur l'immense statue de Wilde : il se moque de la quête de gloire de Max, à l'ombre de la figure tutélaire du maître, lui-même qualifié de "ancient monument" dans la légende accompagnant le dessin.
Malgré ces taquineries, tous dans ce cercle admirent Wilde : "he cultivated...their flippancy, their taste for the precious and artificial and nonsensical, their pose of amused self-admiration, [and] their impish pleasure in shocking" (D. Cecil)
À la fin de l'année 1893, Robert Ross est envoyé en Suisse, officiellement pour des raisons de santé : il s'agit en fait d'éviter des poursuites judiciaires liées à son homosexualité.
La Salomé de Wilde, sur scène et à l’impression : une genèse mouvementée
Inspiré par sa lecture précoce de l’Hérodias de Flaubert, puis par les ekphrasis des toiles de Gustave Moreau dans À Rebours, Wilde entame en 1891 l’écriture de Salomé. Alors en séjour à Paris, il soumet son manuscrit à Pierre Louÿs, qui aurait suggéré quelques légers remaniements à ce texte dont il allait devenir dédicataire. Wilde est alors un auteur reconnu mais un dramaturge en devenir : ses futurs succès sur les planches londoniennes, A Woman of No Importance ou The Importance of Being Earnest n’ont pas encore été joués. Wilde choisit d’écrire en français, et s’en explique ainsi lors d’une interview : « I have one instrument that I know I can command, and that is the English language. There was another instrument to which I had listened all my life, and I wanted once to touch this new instrument to see whether I could make any beautiful thing out of it. » ("The Censure and 'Salome'", in The Pall Mall Gazette, 29 June 1892, pp. 1–2).
Sarah Bernhardt accepte de jouer le rôle-titre au Royal English Opera House de Londres pour la saison 1892. Les répétitions débutent, mais un coup de théâtre les interrompt bien vite : la censure officielle du lord-chambellan s’abat sur la pièce et en interdit la représentation au motif qu’elle met en scène des caractères bibliques. Profondément déçu, Wilde menace de prendre la citoyenneté française.
L’édition originale, en français, paraît l’année suivante, concomitamment à Paris (Librairie de l'Art indépendant) et à Londres (Elkin Mathews et John Lane). La traduction anglaise paraît à Londres en 1894, avec des illustrations de Beardsley (voir lot n° 39). La pièce est d’emblée acclamée par les écrivains francophones, à l’instar de Mallarmé, Loti ou Maeterlinck. Pourtant, Wilde ne vit jamais sa pièce jouée : il se trouve dans les geôles de Reading lors des premières représentations parisiennes de 1896 au Théâtre de la Comédie-Parisienne, puis au Nouveau-Théâtre, et il faut attendre 1905 pour voir les premières représentations privées à Londres. La censure, quant à elle, ne sera définitivement levée qu’en 1931.
S. Mason, Bibliography of Oscar Wilde, avec une introduction de Robert Ross, n° 348-349 et pp. 374-375 ; J. Fryer, Robbie Ross: Oscar Wilde's Devoted Friend ; D. Cecil, Max: A biography, pp. 58 et suiv. ; M. Brooks, “Oscar Wilde, Charles Ricketts, and the Art of the Book”, in Criticism, vol. 12, no. 4, p. 301 ; F. Canovas. « Infâme affaire : échos de l’affaire Oscar Wilde dans la presse française », in Féminin/Masculin dans la presse du XIXe siècle, pp. 297-316
In-8 (202 x 140 mm). Édition originale. Texte en français. Tirage limité à 600 exemplaires dont 50 sur Hollande, celui-ci l'un faisant partie du tirage courant. Conforme à la collation donnée par Mason. Exemplaire illustré sur 9 pages de dessins originaux à l’encre de Max Beerbohm dont 5 représentant l'auteur et 1 dessin à double-page, et d’un dessin original de Charles Ricketts à l’encre monogrammé et daté « C.R. member of the society for the protection of Ancient monuments. 1906 ».
Enrichi de :
- 1 poème autographe signé de Pierre Louÿs, titré "Salomé", avec envoi "à Oscar W.", 1 p. in-4 à l'encre violette sur papier à en-tête "49 rue Vineuse, Passy", avec petit dessin de lune derrière deux nuages, encarté en début d'ouvrage ;
- 1 lettre autographe signée de l'éditeur E. Bailly (checker ses dates + prénom !) à Oscar Wilde, datée "Paris, le 23 Déc 1892", 2 pp. in-4 à l'encre sur papier à en-tête de la Librarie de l'Art indépendant, sur la publication du livre. Sous enveloppe et chemise. (lettre partiellement déchirée au niveau d'anciennes pliures, renforcée par endroits)
Reliure signée Hatchards, "187 Picadilly" : maroquin prune, double encadrement de filets dorés, dos à nerfs lettré or, tête dorée, couverture violette avec titre et nom de l'auteur imprimés en argenté conservée. Sous double emboîtage.
Provenance :
- Oscar Wilde ; qui le donne avec un envoi autographe signé à :
- Robert Ross (1869-1918) ;
- catalogue Scribner, 1942, n° 225 (USD 1000) ;
- Carlos Alberto Cruz (1939-2022).
Extraordinary association copy, and the most desirable for the first edition of Wilde’s Salomé: Wilde’s own copy, illuminated for him by Max Beerbohm in his characteristic parodic style on 9 pages, with an additional drawing by Charles Ricketts – both artists are into Wilde’s close circle. The copy was then inscribed and given by Wilde to his first lover and lifelong friend who would become his literary executor, Robert ‘Robbie’ Ross. The copy also includes an autograph poem entitled “Salomé” by Pierre Louÿs, to whom the work is dedicated, as well as a letter from the publisher to Wilde, regarding the publication of the book.
| Автор: | Оскар Уайльд (1854 - 1900) Пьер Луис (1870 - 1925) |
|---|---|
| Место происхождения: | Франция |
| Категория аукционного дома: | Книги |
| Автор: | Оскар Уайльд (1854 - 1900) Пьер Луис (1870 - 1925) |
|---|---|
| Место происхождения: | Франция |
| Категория аукционного дома: | Книги |
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