Le Rococo est un style artistique du XVIIIe siècle qui incarne l'élégance et l'insouciance de la vie séculière. Le Rococo a vu le jour en France et a atteint son apogée sous le règne de Louis XV et de sa brillante favorite, Madame Pompadour, ce qui en fait souvent un mouvement artistique français. Cependant, le Rococo n'est pas un phénomène localisé. Les tendances du style Rocaille ont trouvé leur développement dans d'autres pays, bien qu'elles n'y soient pas devenues le style artistique dominant pendant une période prolongée. En France, le Rococo mature est devenu la marque de fabrique du règne de Louis XV et a même acquis un nom spécifique - le style Louis XV.

Rococo. François Boucher. PastoraleRococo. François Boucher. Pastorale

Le nom Rococo provient du mot rocaille (une forme diminutive de « roc » - pierre ou rocher), qui signifie en français les débris rocheux. Il est parfois traduit par rocheux et coquillage. La raison en est que les premiers éléments de ce style sont apparus dans la décoration des grottes des parcs, qui étaient ornées de pierres, de fragments de roches et de coquillages. C'est dans ce contexte qu'est apparu l'élément décoratif caractéristique du style Rococo - la volute rocaille. L'ornement typique s'appelle rocaille, et ce mot a servi de base au terme « style Rocaille ».

Rococo. François Boucher. Madame de Pompadour, 1756Rococo. François Boucher. Madame de Pompadour, 1756

La genèse du style Rococo et les caractéristiques de la peinture Rocaille

Le Rococo est parfois considéré comme une continuation du Baroque, mais une telle vue est peut-être trop simplifiée. Dériver l'esthétique Rocaille directement du Baroque est impossible, en partie parce que le Baroque était relativement peu répandu en France.

Rococo. François Boucher. Muse ClioRococo. François Boucher. Muse Clio

Cependant, certaines caractéristiques externes ont été effectivement empruntées à l'esthétique du Baroque : la complexité décorative, les lignes douces, les formes luxuriantes, l'émotivité et l'intérêt pour l'érotisme - en contraste avec le rationalisme froid du classicisme.

Rococo. François Boucher. Le Triomphe de Vénus, 1740Rococo. François Boucher. Le Triomphe de Vénus, 1740

Parallèlement, les représentants de la nouvelle direction ont abandonné les principes clés du Baroque :

  • L'échelle, la pompe et la monumentalité ont cédé la place à l'intimité.
  • Les profondes expériences dramatiques ont fait place à une légère frivolité, à la douceur et à la sentimentalité.
  • Le drame et la palette contrastée ont été remplacés par une palette pastel lumineuse et des transitions de couleurs douces.
  • Le rejet baroque du naturalisme a été remplacé par une orientation vers les « joies naturelles de la vie », en particulier les attributs ruraux (il convient de noter que la compréhension du naturalisme par les peintres Rocaille était assez spécifique - essentiellement, il s'agissait de la conception idéalisée de l'aristocratie du temps de loisirs agréable en pleine nature).
  • Le réalisme dans les scènes de la vie quotidienne a été remplacé par des représentations de bergeres douces et de paysans raffinés.
  • Si les maîtres baroques représentaient audacieusement la laideur et la douleur, les artistes du Rococo ont catégoriquement rejeté de telles thèmes et images.
  • En renonçant aux sujets émotionnellement forts, les artistes ont restreint leurs sujets à des récits galants.
  • Les sujets religieux ont pratiquement disparu (à l'exception d'œuvres spécifiques et de fresques dans les églises).
  • L'émotivité était tout à fait différente de celle du Baroque - elle ne comportait ni tumulte, ni affectation, ni exaltation ; elle était plus sentimentale.
  • Même l'érotisme du Rococo n'est pas le même que l'érotisme joyeux et juteux du Baroque - il est joueur, frivole et piquant.

Rococo. François Boucher. La Toilette de Vénus, 1751Rococo. François Boucher. La Toilette de Vénus, 1751

Ainsi, de nouvelles tendances artistiques ont défié non seulement le classicisme, mais aussi le Baroque sur la scène artistique. Paradoxalement, l'esthétique Rocaille est devenue non pas un développement, mais une opposition conceptuelle au Baroque.

Rococo. François Boucher. PastoraleRococo. François Boucher. Pastorale

Dans une certaine mesure, il y a même eu un retour à l'élégance raffinée des maniéristes. Jacques-Louis David a même qualifié le Rococo de « maniérisme érotique ».

Rococo. François Boucher. Jupiter et Callisto, 1744Rococo. François Boucher. Jupiter et Callisto, 1744

Après nous, le déluge !

Qu'est-ce qui a conduit à l'émergence d'une nouvelle esthétique ? La société avait assez de la solennelle opulence et de la grandeur du prétendu grand style de Louis XIV, le Roi Soleil. La splendeur de Versailles, reflétant les principes de l'absolutisme, n'était pas très confortable. Sous le règne de Louis XV, l'aristocratie déclara un cours vers l'hédonisme. Ces sentiments furent parfaitement capturés dans la célèbre phrase « après nous, le déluge ! », attribuée à la favorite du roi, la Marquise de Pompadour.

Rococo. Maurice Quentin de La Tour. Portrait de La marquise de Pompadour, 1748-1755Rococo. Maurice Quentin de La Tour. Portrait de La marquise de Pompadour, 1748-1755

En conséquence, la vie de la haute société se déplaça vers des salons élégants et des salons (plutôt que les vastes salles de Versailles), et l'art adopta la décorativité, la finesse, des formes ludiques, la fragilité, la mélancolie poétique, et même une touche de coquetterie.

Rococo. François Boucher. Une belle cuisinièreRococo. François Boucher. Une belle cuisinière

En peinture, les bals pastoraux et les scènes bucoliques dominaient, contre lesquels se déroulaient des histoires galantes. Les motifs pastoraux sont devenus une caractéristique de l'époque.

Rococo. François Boucher. Le nidRococo. François Boucher. Le nid

Cependant, les artistes n'ont jamais représenté de vrais bergers. Leurs personnages ressemblaient davantage à des nobles déguisés, insouciants des rigueurs de la vie, soupirant langoureusement devant des paysages luxueux.

Rococo. François Boucher. Un été pastoral, 1749Rococo. François Boucher. Un été pastoral, 1749

Des thèmes mythologiques étaient souvent choisis, principalement de nature provocatrice, comme la romance de Léda avec un cygne ou la séduction de Callisto par Jupiter déguisé en Artémis.

Rococo. François Boucher. Léda et le cygne, 17850Rococo. François Boucher. Léda et le cygne, 17850

Les artistes célébraient inlassablement les délices de l'amour élevé mais sensuel et se réjouissaient de peindre des figures nues.

Rococo. François Boucher. Herkule et Omphale, 1735Rococo. François Boucher. Herkule et Omphale, 1735

Vénus, les nymphes et d'autres figures mythologiques féminines étaient abondantes sur les toiles.

Rococo. François Boucher. Vénus consolant l'Amour, 1751Rococo. François Boucher. Vénus consolant l'Amour, 1751

De nombreuses dames aristocratiques posaient volontiers nues pour les peintres à la mode. On pense notamment que le « Jeune fille allongée » de François Boucher représente une jeune amante du roi.

Rococo. François Boucher. L'Odalisque blonde ou Jeune fille couchée, 1752»Rococo. François Boucher. L'Odalisque blonde ou Jeune fille couchée, 1752»

La festivité et le loisir étaient proclamés comme les principes directeurs de la vie. La joie et la célébration imprégnaient l'atmosphère des œuvres, et le rire semblait émaner de nombreuses toiles.

Rococo. Jean-Honoré Fragonard. Les Hasards heureux de l'escarpolette, 1767Rococo. Jean-Honoré Fragonard. Les Hasards heureux de l'escarpolette, 1767

L'esprit n'était pas étranger aux créateurs non plus, comme en témoignaient les scènes de Fragonard. Des intrigues sentimentales domestiques et des moments quotidiens frivoles étaient également populaires.

Rococo. François Boucher. Toilette, 1742Rococo. François Boucher. Toilette, 1742

Une branche originale a émergé - la chinoiserie : une branche orientale reflétant l'intérêt des Européens pour la Chine exotique.

Rococo. François Boucher. Jardin chinois, 1742Rococo. François Boucher. Jardin chinois, 1742

Le genre du portrait a connu un développement intensif. Fait intéressant, il y avait une mode pour représenter les dames dans des cadres mythologiques, comme la Marquise de Pompadour apparaissant en Diane chasseresse dans le tableau de Jean-Marc Nattier.

Rococo. Jean-Marc Nattier. Madame de Pompadour en Diane, 1746Rococo. Jean-Marc Nattier. Madame de Pompadour en Diane, 1746

Inversement, les caractéristiques des vraies beautés étaient discernables dans les personnages mythologiques. Par exemple, dans le Psyché de Charles-Joseph Natoire, on peut reconnaître les traits de la Duchesse de Subiz.

Rococo. Charles-Joseph Natoire. Psyché à sa toilette, 1735Rococo. Charles-Joseph Natoire. Psyché à sa toilette, 1735

Les tableaux rococo représentaient souvent des putti charmants - des bébés ailés, et de nombreux portraitistes représentaient les enfants comme de petits anges.

Rococo. François Boucher. Les génies de l'art, 1761Rococo. François Boucher. Les génies de l'art, 1761

Rococo. Louis Caravaque. Portrait de la future impératrice Élisabeth en déesse, 1716-1720Rococo. Louis Caravaque. Portrait de la future impératrice Élisabeth en déesse, 1716-1720

Les personnages des tableaux sont toujours jeunes et beaux. Une autre caractéristique du rococo est le rougissement en fleurs, ornant même les visages des héroïnes ressemblant à des figurines de porcelaine (y compris Madame de Pompadour, qui avait une nature très délicate et fragile). Cette juxtaposition de la pâleur fragile et du rougissement ardent est tout à fait typique du style rococo.

Rococo. François Boucher. Bergère endormie, 1760-1763Rococo. François Boucher. Bergère endormie, 1760-1763

Rococo. François Boucher. Madame de Pompadour à la toilette, 1758Rococo. François Boucher. Madame de Pompadour à la toilette, 1758

La palette est également reconnaissable : légère, atténuée, voire un peu fanée, mais riche en nuances subtiles de teintes douces. Les peintres utilisaient volontiers des tons roses, bleus et lilas.

Rococo. François Boucher. Jupiter et Callisto, 1759Rococo. François Boucher. Jupiter et Callisto, 1759

Les Maîtres Éminents du Rococo

Le précurseur de ce style pictural est généralement considéré comme Antoine Watteau (nom complet Jean Antoine Watteau), qui a brillamment représenté les festivités insouciantes et les divertissements de la noblesse.

Rococo. Antoine Watteau. Les Plaisirs du Bal, 1717Rococo. Antoine Watteau. Les Plaisirs du Bal, 1717

La figure éminente était François Boucher, portraitiste, maître de la peinture de paysage et des sujets mythologiques. Son heure de gloire est venue avec Madame Pompadour.

Rococo. François Boucher. Léda et le cygne, 1742Rococo. François Boucher. Léda et le cygne, 1742

Boucher se caractérisait par la perfection du dessin, la subtilité des tons, des compositions dynamiques et une sensualité infinie.

Rococo. François Boucher. Diane sortant du bain, 1742Rococo. François Boucher. Diane sortant du bain, 1742

Un autre célèbre artiste français, Nicolas Lancret, peignait des scènes raffinées sur fond de paysages bucoliques.

Rococo. Nicolas Lancret. Mademoiselle de Camargo dansant, 1730Rococo. Nicolas Lancret. Mademoiselle de Camargo dansant, 1730

Les œuvres de Charles-Joseph Natoire et François Lemoyne étaient également populaires auprès de la noblesse.

Rococo. François Lemoyne. Vénus et Adonis, 1729Rococo. François Lemoyne. Vénus et Adonis, 1729

Une contribution significative à l'histoire de l'art a été apportée par le créateur du portrait historique, Jean-Marc Nattier. Il a portraituré des monarques et des aristocrates. En 1717, Nattier a peint les portraits de Pierre Ier et Catherine Ière, lors de leur rencontre avec le couple royal lors de leur voyage aux Pays-Bas.

Rococo. Jean-Marc Nattier. Catherine I de Russie, 1717Rococo. Jean-Marc Nattier. Catherine I de Russie, 1717

La combinaison d'humour et de piquant est caractéristique des tableaux espiègles de Jean-Honoré Fragonard. Bien qu'il n'ait pas été reconnu comme un artiste de paysage ou un maître des scènes de bataille, il a acquis une renommée mondiale pour ses scènes de genre frivoles.

Rococo. Jean-Honoré Fragonard. Le Verrou, 1776-1779Rococo. Jean-Honoré Fragonard. Le Verrou, 1776-1779

Fragonard a célébré de manière ludique et charmante les petites joies de l'amour. Son érotisme est espiègle et envoûtant.

Rococo. Jean-Honoré Fragonard. Le Baiser à la dérobée, 1787Rococo. Jean-Honoré Fragonard. Le Baiser à la dérobée, 1787

En Italie, l'art rococo a également trouvé des admirateurs. Par exemple, l'artiste vénitien Pietro Longhi travaillait dans ce style.

Rococo. Pietro Longhi. Visite de la bibliothèque, 1741Rococo. Pietro Longhi. Visite de la bibliothèque, 1741

Les œuvres de Giovanni Battista Tiepolo combinent des éléments baroques et rococo : parfois, il penche vers le pathos et la monumentalité, mais l'élégance aérienne prédomine.

Rococo. Giovanni Battista Tiepolo. Bellerophonte sur Pegasus, 1747Rococo. Giovanni Battista Tiepolo. Bellerophonte sur Pegasus, 1747

En Angleterre, l'artiste pastelliste Francis Cotes a acquis une renommée, ses portraits plaisant à l'œil par leurs délicates combinaisons de couleurs.

Rococo. Francis Cotes. Portrait d'une dame, 1768Rococo. Francis Cotes. Portrait d'une dame, 1768

Les œuvres d'un autre pastelliste, Gustaf Lundberg de Suède, qui a étudié et travaillé longtemps à Paris, ont également été reconnues.

Rococo. Gustaf Lundberg. Marie-Anne de Bourbon-Condé, 1720Rococo. Gustaf Lundberg. Marie-Anne de Bourbon-Condé, 1720

En Russie, l'art rococo est arrivé sous le règne de l'impératrice Élisabeth Petrovna et a conservé une certaine influence sous le règne de Catherine II, principalement dans le domaine du portrait :

  • Ivan Vichniakov (en russe : Иван Вишняков) (1699–1761).
  • Ivan Argounov (en russe : Иван Аргунов) (1729–1802).
  • Alexeï Antropov (en russe : Алексей Антропов) (1716–1795).
  • Fedor Rokotov (en russe : Фёдор Рокотов) (1736–1808).
  • Dmitri Levitski (en russe : Дмитрий Левицкий) (1735–1822).
  • Ainsi que des représentants des « rossica » (artistes étrangers venus dans l'empire), tels que Louis Caravaque.

Rococo. Ivan Vichniakov. Sarah Eleanore Fermor, 1749Rococo. Ivan Vichniakov. Sarah Eleanore Fermor, 1749

Le Déclin et la Critique du Style Rococo

Dans les années 1750 et 1760, en France, les critiques ont commencé à remettre en question la frivolité de l'art rococo. Après la mort de Madame Pompadour, Boucher a été accusé d'indécence.

Rococo. François Boucher. Scène pastoraleRococo. François Boucher. Scène pastorale

Avec le règne de Louis XVI, une politique de modération et d'austérité a été proclamée. Les tableaux rococo ont été vivement critiqués par les penseurs des Lumières, dont Voltaire, pour leur représentation « forcée », « artificielle », « débauchée » et « dénuée de but » de la vie.

Rococo. Antoine Watteau. La surprise, 1718Rococo. Antoine Watteau. La surprise, 1718

Mais malgré sa légèreté, le rococo a contribué au développement de l'art, montrant qu'il pouvait être optimiste, lumineux et dépourvu de moralisation. Les artistes ont rendu l'art aussi profane que possible et ont attiré l'attention sur les simples plaisirs humains (même du point de vue de la noblesse). Ainsi, ils ont, comme les maîtres de la Renaissance, placé l'humanité au centre de l'art.

Rococo. Jean-Honoré Fragonard. Baiser gagnant, 1760Rococo. Jean-Honoré Fragonard. Baiser gagnant, 1760

Aujourd'hui, le rococo connaît une grande demande aux enchères. Des exemples de lots aux enchères peuvent être consultés sur le site VeryImportantLot. Les collectionneurs sont attirés par leur valeur d'investissement et leurs qualités décoratives exquises ; ces tableaux sont de magnifiques éléments de décoration intérieure.

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