Les artistes russes les plus célèbres ayant travaillé du XVIIe au XXe siècle
Les artistes russes sont très estimés dans le monde entier, comme en témoigne la popularité des « saisons russes » lors des principales ventes aux enchères occidentales. Choisir parmi les nombreux peintres talentueux n'est pas chose facile. Cependant, il existe des maîtres qui ont apporté une contribution particulièrement importante au développement de la culture russe et de l'art mondial. Rappelons-nous les célèbres artistes russes qui sont considérés comme les meilleurs parmi les meilleurs.
Simon Ouchakov
Simon Ouchakov (en russe : Симон Ушаков) est l'un des artistes les plus renommés du XVIIe siècle. Il venait d'une famille noble et a reçu une éducation artistique dès son plus jeune âge. À l'âge de 22 ans, il a été nommé iconographe honoraire à la cour royale, une distinction généralement réservée aux maîtres expérimentés. Le jeune artiste a travaillé dans les Chambres d'Argent et d'Or, a acquis de l'expérience en participant à la décoration du Kremlin de Moscou et a même peint un portrait du tsar Alexeï Mikhailovitch. Plus tard, Simon Ouchakov a commencé à travailler à la Chambre d'Armurerie, qui était le centre de la vie artistique en Russie à l'époque. Il est rapidement devenu le maître le plus respecté et a formé sa propre école d'iconographes.
Les chercheurs considèrent Simon Ouchakov comme un pont entre l'art ancien et l'art nouveau. Il a développé les anciennes traditions russes de l'icône tout en réformant ce genre en donnant de la profondeur et du réalisme aux figures sacrées. L'artiste encourageait ses élèves à faire des icônes reflétant le monde réel et a rédigé pour eux un traité, devenu l'un des premiers ouvrages sur la théorie de la peinture en Russie.
Une des plus belles œuvres de Simon Ouchakov est l'icône « Louange à l'icône de la Mère de Dieu de Vladimir », également connue sous le nom « Arbre de l'État russe ». Elle représente l'image de la Mère de Dieu de Vladimir et vingt saints de Moscou. L'icône « L'archange Michel terrassant le diable » est intéressante car l'artiste s'est supposément représenté lui-même en petit homme à gauche de l'ange. On connaît environ 50 icônes de Ouchakov.
Fedor Rokotov
Fedor Rokotov (en russe : Фёдор Рокотов) est le portraitiste moscovite le plus renommé du XVIIIe siècle. Il a peint des membres de la famille impériale et des galeries entières de la noblesse. On disait de cet artiste qu'il avait « copié » tout Moscou. Avant Rokotov, la mode était aux portraits froids et officiels, mais lui créait des images douces et naturelles aux tons chauds. Les sujets des tableaux de Rokotov semblaient familiers à l'artiste et se sentaient à l'aise en posant pour lui. Ce n'est que dans sa période ultérieure que ses portraits devinrent plus cérémoniels, conformément au style néoclassique.
Au XIXe siècle, les œuvres de Fedor Rokotov étaient presque inconnues de tous. La Galerie Tretiakov ne conservait qu'un portrait de Grigori Orlov (en russe : Григорий Орлов) peint par lui, tandis que le reste de ses œuvres étaient accrochées dans les manoirs nobles. Il fut redécouvert au début du XXe siècle, notamment grâce à une exposition organisée par Serge de Diaghilev (en russe : Серж Дягилев) et à la nationalisation des collections privées. L'œuvre la plus célèbre de ce maître est le « Portrait d'Alexandra Petrovna Struyskaya ». Beaucoup connaissent les poèmes de Nikolaï Zabolotski (en russe : Николай Заболоцкий) consacrés à cette image.
Ilia Répine
Ilia Répine (en russe : Илья Репин) est le plus grand artiste réaliste russe qui partageait les idées philosophiques de Vissarion Belinski (en russe : Виссарион Белинский) et Nikolaï Tchernychevski (en russe : Николай Чернышевский). Il déclarait lui-même qu'il ne pouvait pas créer de peintures flatteuses, mais visait à transmettre la vérité de la vie environnante sur la toile. Répine peignait des portraits de contemporains remarquables, en particulier Léon Tolstoï (en russe : Лев Толстой), traitait des thèmes politiques, dépeignait la vie rurale, et n'hésitait pas à accepter des commandes officielles de l'empereur. Son œuvre est souvent qualifiée d'encyclopédie de la Russie post-réformes.
Beaucoup des œuvres d'Ilia Répine se sont tellement enracinées dans notre mentalité qu'elles sont entourées de légendes et vivent leur propre vie. Les controverses persistent toujours autour du tableau « Ivan le Terrible tue son fils ». Il a été interdit de présentation publique immédiatement après sa création, vandalisé par un couteau en 1913, et un siècle plus tard, en 2018, l'histoire s'est répétée. Actuellement, la toile endommagée est en cours de restauration. D'autres œuvres célèbres de Répine comprennent « Les Bateliers de la Volga » et « Les Cosaques zaporogues écrivant une lettre au sultan de Turquie ».
Isaac Levitan
Isaac Levitan (en russe : Исаак Левитан) est considéré comme le plus grand peintre paysagiste russe ayant réussi à capturer l'âme de notre nature. Déjà à un jeune âge, en tant qu'élève d'Alexeï Savrasov (en russe : Алексей Саврасов) et de Vassili Polenov (en russe : Василий Поленов), il a démontré un talent brillant. Il a suscité le mécontentement de nombreux peintres respectés parce qu'un jeune homme juif peignait des paysages russes authentiques et surpassait les « artistes locaux ». Isaac Levitan était membre de la société des Ambulants (en russe : Передвижники) et enseignait à l'École de peinture, de sculpture et d'architecture de Moscou, exerçant une grande influence sur ses élèves.
Le paysage de Levitan « Paix éternelle » est considéré comme le plus russe de tous les tableaux. Dans cette œuvre philosophique, la vie humaine fragile et éphémère est juxtaposée à la grandeur de la nature éternelle, créant une atmosphère de mélancolie profonde. D'autres œuvres de l'artiste devenues sa marque sont consacrées aux saisons. Il s'agit de « Mars » et de « Automne doré ». Les deux paysages sont apparentés à l'impressionnisme car ils sont peints avec une attention particulière à la lumière et à la couleur. L'artiste cherchait à transmettre non pas tant la réalité objective que l'impression de la nature - qu'elle soit en train de s'éveiller ou de briller de couleurs avant de faner.
Valentin Serov
Valentin Serov (en russe : Валентин Серов) (1865-1911) s'est distingué en tant que meilleur portraitiste russe du XIXe siècle et était considéré comme un modèle de comportement moral. Le travail de cet artiste a servi de lien entre les traditions du réalisme et la nouvelle art de la fin du siècle. Cet artiste travaillait méthodiquement, et ce n'était pas à la portée de chaque modèle de supporter toutes les séances. Serov avait une méthode inhabituelle : il visait d'abord à obtenir une ressemblance maximale dans ses portraits, puis il vieillissait le personnage au-delà de son âge réel, mais il transmettait très précisément son caractère et son monde intérieur.
Même si Valentin Serov n'avait créé qu'une seule œuvre, « La Jeune Fille aux pêches », il aurait tout de même inscrit son nom pour toujours dans l'histoire de la peinture. Le portrait représente la fille du mécène Savva Mamontov (en russe : Савва Мамонтов), chez qui l'artiste séjournait longtemps. En travaillant sur ce tableau, il cherchait à capturer une atmosphère de fraîcheur et de vivacité qui ne se trouvait pas dans les œuvres finies des réalistes. La tâche a été accomplie avec succès, et le portrait a apporté à l'auteur la renommée qu'il méritait. L'image de Vera Mamontova (en russe : Вера Мамонтова) est considérée comme l'une des meilleures représentations d'une enfance insouciante et heureuse.
Kasimir Malevitch
Kasimir Malevitch (en russe : Казимир Малевич) est un symbole de l'avant-garde russe, et son nom est connu bien au-delà de la Russie. Il est le fondateur d'un nouveau type de peinture abstraite. Les autres artistes s'approchaient progressivement de l'abstraction, simplifiant et transformant la nature, tandis que Malevitch la rejetait complètement. Il a commencé à créer des œuvres qui ne représentaient rien de la réalité environnante, mais qui existaient en elles-mêmes.
Le légendaire « Carré noir sur fond blanc » est devenu le point de départ et « l'icône » de cette nouvelle direction. L'écrivaine Tatiana Tolstoï (en russe : Татьяна Толстая) a qualifié cette œuvre de gouffre infranchissable entre l'ancienne et la nouvelle art, et le critique Nikolai Punin (en russe : Николай Пунин) a écrit que l'auteur était « un projectile envoyé par l'esprit humain dans le désert pur de l'intuition ».
Le courant créé par Malevitch a été appelé suprématisme. Cette forme d'art non figuratif repose sur des formes géométriques simples de différentes couleurs et tailles, disposées sur la toile selon les lois de la statique et de la dynamique. L'arrière-plan est toujours blanc, symbolisant l'espace infini. Une œuvre de Malevitch, « Composition suprématiste », a été vendue aux enchères Sotheby's pour 60 millions de dollars.
Les idées du suprématisme ont survécu malgré la persécution de la peinture d'avant-garde et se sont manifestées dans d'autres domaines tels que l'architecture et le design.
Kouzma Petrov-Vodkine
Kouzma Petrov-Vodkine (en russe : Кузьма Петров-Водкин) est considéré comme l'artiste le plus révolutionnaire de son époque, non seulement en raison de la période à laquelle il a créé ses chefs-d'œuvre, mais aussi en raison des sujets choisis et de son style novateur. Ses œuvres ont étonné par leur audace et leur style unique, suscitant des évaluations diamétralement opposées de la part des critiques. Il a puisé son inspiration dans l'esthétique des icônes orthodoxes. Le cheval rouge, si étrange pour les contemporains, a été emprunté à une ancienne représentation de Saint Georges de Novgorod.
Suivant les traditions de l'icône, Petrov-Vodkine a expérimenté avec la perspective, donnant à l'image une apparence « non terrestre ». La perspective sphérique transforme le commissaire blessé en saint mourant, et le soldat derrière lui en un ange recevant l'âme. Les harengs simples et autres objets quotidiens dans les natures mortes de Petrov-Vodkine semblent venir d'un autre monde, ce qui fait parfois que l'auteur est qualifié de Cézanne russe. Les natures mortes de cet artiste sont particulièrement prisées aux enchères internationales.
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